L'ambassadeur sahraoui à Alger, Abdelkader Taleb Omar a affirmé lundi que l'anniversaire du déclenchement de la lutte armée représentait 46 ans de résistance du peuple sahraoui qui refuse que ses droits soient aliénés et n'accepte aucune alternative à son droit à l'autodétermination.
Dans un entretien à l'APS, à l'occasion du 46e anniversaire du déclenchement de la lutte armée sahraouie, M. Taleb Omar a affirmé que "le peuple sahraoui continue de résister et nul ne peut le forcer ou le dépourvoir de ses droits", ajoutant qu'il n'accepterait pas une autre solution que celle du référendum d'autodétermination pour arracher la liberté et l'indépendance.
Les tentatives de l'occupant marocain visant à diviser les Sahraouis et entamer leur détermination ont été toutes vouées à l'échec, a souligné le diplomate sahraoui, insistant sur l'attachement du peuple sahraoui dans les territoires occupés, dans les camps des réfugiés et parmi les membres de la communauté sahraouie à l'étranger, à leur seul et légitime représentant, le Front Polisario".
Dans les territoires occupés, les Sahraouis brandissent le drapeau de l'Etat sahraoui dans leurs manifestations et oeuvrent à mettre à nu les agissements de l'occupation marocaine et ses violations quotidiennes des droits de l'homme, exigeant leur droit à l'autodétermination, la libération des prisonniers et la fin des simulacres de procès, a-t-il fait savoir.
"Les jeunes Sahraouis sont les enfants du peuple et ils estiment que la solution idéale est de marcher sur les pas du Polisario pour le recouvrement de leurs territoires et droits".
L'ambassadeur a évoqué la résolution 2664 du Conseil de sécurité, laquelle réaffirme le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et appelle à la reprise des négociations entre les deux parties au conflit (Front Polisario et Maroc), dénonçant la position de la France qui entrave les décisions du Conseil de sécurité concernant l'autodétermination du peuple sahraoui, indiquant qu'en faisant valoir son veto, "Paris veille à maintenir le statu quo et protéger la position marocaine au service de ses intérêts".
"Le Maroc n'est toujours pas satisfait des recommandations du Conseil de sécurité et veut des recommandations qui attestent de la légitimité de son occupation du Sahara occidental et annulent définitivement la question du droit à l'autodétermination, ainsi que les négociations", a-t-il ajouté.
Lors du dernier round, le Maroc avait haussé le ton et voulu faire la promotion de "l'autonomie" au détriment du référendum d'autodétermination, ce qui est contraire à la légalité internationale, a-t-il rappelé, ajoutant que "Cela avait été rejeté par le Front Polisario en 2007".
Pour l'ambassadeur sahraoui, les Etats unis ont le mérite d'avoir créé une nouvelle dynamique au sein du Conseil de sécurité, en limitant le mandat de la Minurso à 6 mois au lieu d'un an et en écartant le renouvellement automatique du mandat sans parvenir à des solutions", appelant Washington à oeuvrer en faveur d'une solution permettant au peuple sahraoui de décider de son avenir.
Des contacts sont en cours avec les Etats unis, la Grande Bretagne et la Russie ainsi qu'avec tous les membres du Conseil de sécurité, et du congrès, et les parlements de ces Etats pour leur notifier la position du Front Polisario et leur demander d'adopter une position confortant la crédibilité de l'ONU, a déclaré M. Taleb Omar, ajoutant que la question sahraouie était "une question de décolonisation", ainsi la commission de décolonisation de l'ONU a demandé à la communauté internationale à accélérer le processus de décolonisation du Sahara Occidental.
Une opinion publique favorable à la cause sahraouie
Affirmant que plusieurs forums et conférences sont organisés, chaque année, autour de la cause sahraouie, y compris la Conférence internationale de solidarité avec le peuple sahraoui, lesquelles mettent en place des programmes qui vulgarisant la cause et mobilise le soutien, l'ambassadeur sahraoui, Abdelkader Taleb Omar a relevé que les associations et partis participants façonnent une opinion publique et imposent aux gouvernements l'adoption et la défense de la cause sahraouie.
M. Taleb Omar a fait savoir qu'il existait aussi des associations et partis marocains qui plaident en faveur de l'autodétermination du Sahara Occidental et défendent les prisonniers sahraouis dans les prisons de l'occupant marocain, bien que le régime marocain criminalise quiconque met en doute la prétendue "marocanité du Sahara".
Il ajouté que le régime marocain prétend "construire le Sahara, respecter les droits de l'homme et concrétiser le développement, mais les obstacles qu'il met devant les observateurs internationaux et les organisations des droits de l'Homme battent en brèche ces prétentions".
Dans le même sillage, il a critiqué certains pays qui "ne cherchent que leurs intérêts, comme la France qui plaide, d’un côté, pour les droits de l’homme et soutient, de l'autre, l’occupation marocaine", rappelant l’accord d’association conclu entre l’EU et le Maroc qui circonvient les arrêts précédents de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), selon lesquels "tout accord incluant les territoires sahraouis est nul et non avenu".
A cette occasion, l’ambassadeur sahraoui a remercié tous ceux qui ont soutenu la cause sahraouie, ajoutant que "nous remercions tous ceux qui nous ont accompagnés et ont soutenu notre cause, ainsi que tous les amis, à leur tête l’Algérie qui défend cette question de principe".
"Nous avons l’honneur d’avoir un tel voisin avec lequel nous nous partageons le respect des peuples et de leur liberté et sommes fiers de notre appartenance à l’Afrique, et notre lutte et résistance sont pour la défense de l’Afrique et de ses frontières", a-t-il ajouté.
"Nous avons franchi un grand pas en termes de lutte. Et nous saluons les pays du Conseil de sécurité, notamment la Russie, l’Afrique du sud et d’autres pays et les appelons à poursuivre leurs efforts dans ce sens jusqu’à ce que le conflit soit résolu. Nous demandons également à la France de s’abstenir d'entraver les décisions du Conseil de sécurité et à l’Espagne à assumer ses responsabilités dans la région et de rendre justice au peuple sahraoui", a-t-il soutenu.
Les Sahraouis célèbrent aujourd'hui le 46e anniversaire du déclenchement de leur lutte armée sous la conduite du Front Polisario, unique et légitime représentant du peuple sahraoui, un mouvement de libération pour le droit à l'autodétermination.
Le 20 mai 1973, un groupe de combattants sahraouis avait décidé d'attaquer le poste espagnol d'El Khanga, à l'est de la ville de Smara. Cette opération annonçait alors le déclenchement de la lutte armée dans le Sahara occidental, suivant les résolutions prises dix jours avant, soit le 10 mai, lors du congrès constitutif du Front Polisario, qui avait décrété dans son texte fondateur que "c'est par le fusil que la liberté sera arrachée".