La Syrie et la Turquie se sont durement affronté jeudi lors de leur première confrontation devant le Conseil de sécurité de l'ONU, au sujet de l'offensive turque en territoire syrien lancée le 9 octobre et arrêtée cette semaine.
L'ambassadeur syrien à l'ONU, Bashar Ja'afari, a vivement dénoncé "l'agression" de la Turquie contre son pays, trouvant "étrange" l'utilisation par Ankara de l'article 51 de la Charte de l'ONU sur la légitime défense pour justifier son opération militaire.
Il a en outre réclamé "le plein respect de la souveraineté syrienne" et "le retrait de toutes les forces étrangères illégitimes" de Syrie."Je rejette et condamne fermement toute présentation erronée de notre opération de lutte contre le terrorisme comme un acte d'agression", a répliqué son homologue turc, Feridun Sinirlioglu.
Il s'agissait d'une "opération limitée de lutte contre le terrorisme" qui visait notamment à "garantir l'intégrité territoriale et l'unité de la Syrie".
"Elle n'a visé que des terroristes et leurs repaires, leurs armes et leurs véhicules", a-t-il insisté.
La Turquie qualifie de "terroristes" les combattants kurdes longtemps alliés des Occidentaux dans la lutte contre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) et contre qui elle a mené une offensive qui s'est terminée cette semaine.
Alors que l'ONU réclame un accès humanitaire sans entraves dans le nord de la Syrie, le diplomate turc a assuré que la Turquie facilitait l'aide humanitaire transfrontalière.
Il a d'autre part estimé que la "seule solution durable" pour les terroristes étrangers et leur famille détenus en Syrie était qu'ils soient rapatriés par leur pays d'origine.
"Priver des gens de leur nationalité n'est pas le bon moyen pour lutter contre le terrorisme".
"Cela revient simplement à se laver les mains du problème", a-t-il jugé.
Feridun Sinirlioglu s'est enfin voulu rassurant sur le retour en Syrie de réfugiés accueillis en Turquie.
Il s'effectuera de manière "volontaire, sûre et dans la dignité", a-t-il promis.
Lors de la réunion publique du Conseil de sécurité, l'ambassadeur allemand Christoph Heusgen s'est attiré de vives critiques de la Russie et de la Chine après avoir rappelé que ces deux pays avaient mis en septembre leur veto à une demande de cessez-le-feu à Idleb (nord-ouest) pour des raisons humanitaires.
"Que faites-vous pour stabiliser la situation en Syrie?", s'est insurgé son homologue russe Vassily Nebenzia.
"Il ne revient à personne de nous donner des leçons" sur la manière de voter, a renchéri l'ambassadeur chinois Zhang Jun.