L'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a annoncé que les discussions politiques entre les belligérants de la crise libyenne démarreront mercredi prochain à Genève, sous l'égide des Nations unies, et souligné que les discussions militaires en cours en Suisse "sont dans la bonne voie".
"Antonio Guterres se rendra lundi prochain à Genève pour superviser les discussions en cours", a déclaré M.
Salamé à la presse à Genève, soulignant la détermination de l'ONU à veiller au déroulement du dialogue politique inter-libyen, qui sera lancé le 26 février, dans les mêmes conditions dans lesquelles se tiennent les discussions de la commission conjointe militaire libyenne visant à aboutir à un cessez-le-feu durable en Libye.
S'agissant de celles-ci, l'émissaire onusien a affirmé qu'elles "sont dans la bonne voie", évoquant toutefois quelques entraves liées à la violation de l'embargo sur les armes et la trêve en vigueur à Tripoli.
Les belligérants libyens, le gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez Serradj et le maréchal Khalifa Haftar, ont entamé mardi dernier à Genève une nouvelle série de pourparlers militaires indirects, en présence de l'émissaire des Nations unies pour la Libye.
Ces pourparlers impliquent cinq officiers supérieurs nommés par le GNA et cinq officiers supérieurs nommés par l'armée nationale libyenne (ANL), dirigée par Khalifa Haftar.
Début février, les représentants du GNA, basé à Tripoli et reconnu par les Nations unies, et ceux du maréchal Khalifa Haftar, avaient admis la nécessité de transformer la trêve en un cessez-le-feu permanent .
Ghassan Salamé a assuré au début du deuxième cycle de discussions, mardi, qu'il faudrait plusieurs semaines de pourparlers pour "arriver à une solution".
Il a également jugé que même si la trêve reste "fragile", il y a "des raisons d'espérer", notamment parce que "les Libyens veulent mettre fin à cette tragédie".
Le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé, le 12 février, une résolution réclamant qu'"un cessez-le-feu durable" succède en Libye à la trêve observée depuis janvier.
Un tel cessez-le-feu n'est toutefois pas une "pré-condition" au début du dialogue politique inter-libyen, a précisé l'émissaire onusien.
Une mission "très difficile" mais "pas impossible"
Ghassan Salamé a en outre assuré que sa mission, en tant qu'émissaire des Nations unies pour la Libye, est "très difficile" mais "pas impossible".
"On m'a souvent parlé de ma mission comme d'une mission impossible, mais cela n'a jamais été mon avis.
Le jour où je constaterai que ma vision est vraiment impossible, je ne serai pas là avec vous", a-t-il dit dans un entretien à l'AFP, peu après l'annonce de la reprise des discussions militaires indirectes à Genève.
"Pour le moment, je pense que ma mission est possible, je ne dis pas qu'elle est facile.
Elle est très difficile, mais elle est possible", a-t-insisté avant d'ajouter: "Je suis très heureux" que les deux délégations se soient remises au travail "avec encore plus d'entrain pour arriver à un accord".
Ces négociations "sont des négociations techniques, mais vitales", a encore dit le diplomate onusien, qui fait la navette entre les deux protagonistes de la crise libyenne. "Leur succès est capital", a-t-il ajouté.
Le gouvernement d'union nationale libyen (GNA), dirigé par Fayez al-Sarraj, avait mis fin à sa participation aux pourparlers mardi soir après des tirs de roquettes sur un port de la capitale libyenne Tripoli, mais il est retourné jeudi à la table des négociations.
Dans ce contexte, Ghassam Salamé a indiqué avoir eu dans la nuit de mercredi à jeudi une "discussion au téléphone" avec al-Sarraj pour lui indiquer qu'il comprenait "qu'il ait répondu un peu à l'opinion publique en suspendant ces négociations".
Mais "une fois l'expression de ce mécontentement faite, il ne fallait pas perdre le temps précieux que nous passons à Genève", a-t-il expliqué.
Il a en outre jugé nécessaire de "saisir le "+momentum+ (élan)" international actuel", créé par le sommet de Berlin en janvier, suivi de l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité le 12 février.
Cette résolution est la première adoptée par le Conseil de sécurité depuis la reprise des hostilités à Tripoli le 4 avril 2019.
Dans ce sens, Ghassan Salamé s'est dit "soulagé" par l'adoption de la résolution, " après des mois d'attente'".