Le retour de la question du Sahara Occidental à l'agenda du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) réhabilite l'organisation panafricaine en tant qu'acteur clé dans la résolution de ce conflit de plus de 40 ans, après l'échec de la troïka africaine en charge du dossier depuis 2018, selon les observateurs.
Il s’agit à n’en point douter d’une victoire pour la cause sahraouie qui a regagné sa dimension africaine.
Le conflit sahraoui ne sera désormais plus une affaire à régler avec le concours de trois pays du voisinage (membres de la Troïka) mais une cause de dimension continentale à étudier par l’UA, organisation dont la République arabe sahraoui démocratique (RASD) est membre fondateur, ajoute-t-on.
D’un certain point de vue, il s’agit aussi d’une victoire pour l’UA elle-même, organisation qui a vu ce dossier lui glisser entre les doigts au fil des mois au profit de la troïka dont l’échec a été mis en exergue dernièrement par le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum.
Par ailleurs, l’implication du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU) s’est faite aux dépens de l’UA et non pas dans son intérêt, de l’avis même du président sahraoui, Brahim Ghali.
Il y a quelques jours, M. Ghali a clairement accusé la France " d’influencer le Conseil de sécurité pour détourner le processus de paix de son objectif initial".
Yahia Zoubir, professeur de relations internationales, de management international et directeur de recherche en géopolitique au KEDGE business school a indiqué à l’APS que l’UA a été écartée du dossier sahraoui dès que celui-ci fut inscrit à l’ordre du jour du Conseil de sécurité de l’ONU.
D’après lui," les membres du Conseil (de sécurité) proches du Maroc " ont pesé de leur poids pour empêcher la résolution du conflit au Sahara Occidental.
Le récent sommet africain tenu sous le thème " faire taire les armes " , présidé par l’Afrique du Sud a définitivement placé la cause sahraouie en tête des priorités de l’UA.
C’est d’ailleurs l’une des questions les plus évoquées par les chefs d’Etats et de gouvernements participant à cette réunion, en dépit des tentatives marocaines d’empêcher la poursuite du débat.
La position marocaine n’a trouvé appui qu’auprès de trois pays sur 55 pays membres.
La majorité écrasante des intervenants avait également dénoncé la violation par le Maroc du cessez-le-feu, en vigueur depuis 1991, tout en exprimant sa solidarité avec le peuple sahraoui et leur soutien à son droit à l'auto-détermination.
Les leaders africains ont exprimé leur profonde préoccupation quant à la reprise du conflit armé entre le Royaume marocain et la RASD (le 13 novembre dernier NDLR) et c'est à la lumière de cette nouvelle donne que la décision de confier le dossier sahraoui au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA a été prise.