La délégation allemande à l'ONU a mis en garde contre la partialité des Etats-Unis, porte-plume des résolutions sur le Sahara occidental, après la décision du président sortant, Donald Trump de reconnaitre la prétendue souveraineté du Maroc sur ce territoire.
"Etre porte-plume vient avec de la responsabilité. Cela s'accompagne d'un engagement fort pour résoudre un problème, il faut être juste, il faut être impartial, il faut avoir à l'esprit l'intérêt légitime de toutes les parties et il faut agir dans le cadre du droit international", a déclaré l'ambassadeur allemand à l'ONU, Christoph Heusgen.
Il a révélé que son pays "reste profondément attaché à une solution politique qui soit réellement dans l’intérêt de tous. Toute la région en profiterait".
Le 10 décembre courant, le président américain sortant, Donald Trump a annoncé sa reconnaissance de la prétendue "souveraineté marocaine" sur le Sahara occidental en contrepartie de la normalisation des relations des relations entre le Maroc et Israël.
Une déclaration qui a suscité des réactions négatives à travers le monde mais aussi au sein même du parti auquel appartient Donald Trump.
L'annonce faite par Trump a été essentiellement critiquée parce qu'elle va à contresens avec le Droit international, les Nations unies mais également d'autres organisations internationales considérant le Sahara occidental comme un territoire occupé illégalement par le régime marocain.
Cette prise de position contredit aussi la politique adoptée par les Etats-Unis en ce qui concerne le Sahara occidental et qui consiste à soutenir l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui.
Dans son édition de mardi, le New York Times, se basant, sur des sources diplomatiques a expliqué que la décision de Trump pourrait être annulée par l'administration Biden qui prendra les commandes de la Maison-Blanche à partir du 20 janvier prochain.
Une annulation qui pourrait être expliquée par le fait que la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental soit contraire à l'un des principes fondateurs des Etats-Unis à savoir le soutien du droit à l'autodétermination.
D'autre part, les Etats-Unis en tant que porte-plume des résolutions sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité ne peuvent prendre partie en faveur d'une partie du conflit d'où le rappel à l'ordre, diplomatique, émis par Christoph Heusgen.
Par ailleurs, le diplomate allemand a insisté sur l’importance d'accélérer la nomination d'un envoyé personnel du SG de l'ONU pour le Sahara occidental, afin de contribuer à la reprise du processus politique, à l'arrêt depuis la démission de l'ancien émissaire, Horst Kohler, en mai 2019.
"Nous assistons donc à une stagnation du processus politique et nous avons besoin, en urgence, d'un nouvel envoyé personnel.
Nous savons à quel point cette personne est difficile à trouver, car une telle personne doit être acceptable pour les deux parties.
Si nous n’y parvenons pas, le processus politique s’effondrera", a-t-il soutenu.
L'ambassadeur a affirmé que le conflit au Sahara occidental avait besoin "d'une revitalisation du processus politique" et "d’un règlement négocié réaliste, pratique et durable".