La mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), présente depuis 30 ans dans les territoires sahraouis occupés, a échoué à atteindre ses deux objectifs principaux, à savoir veiller au respect du cessez-le-feu entre les forces marocaines et l'armée sahraouie et organiser un référendum d'autodétermination préconisé par l'ONU, a estimé vendredi le journal "Libération".
Le quotidien français a consacré deux pages dans sa rubrique internationale au conflit du Sahara occidental à travers un reportage qui décrit la routine et les activités des casques bleus depuis leur installation en 1991, date de la signature du cessez-le-feu entre le Maroc et le Front Polisario.
Néanmoins, selon le média français, l'activité de la Minurso est "en vérité, absurde et l'était déjà en partie", puisque "son premier pilier, l'organisation d'un référendum - préconisé par l'ONU au nom du droit des peuples à l'autodétermination- est totalement paralysé".
Il explique que le Maroc a "patiemment" saboté le processus de recensement et d'établissement d'une liste d'électeurs sahraouis. Le processus est au point mort depuis 2004, date à laquelle la commission ad-hoc a terminé ses travaux dans le plus grand silence.
Le second pilier, poursuit le journal, est "la surveillance des abords du mur, qui n'a plus de sens". "D'abord car il n'y a plus de cessez-le-feu à observer. Celui-ci a officiellement pris fin le 13 novembre, lorsque l'armée marocaine, en violation de l'accord de 1991 a franchi le mur de sable à Al-Guerguerat", explique le média.
Le reportage qui retrace le quotidien des casques bleus dans la base d'Awsard, précise que la Minurso n'est pas une force d'interposition. "Elle ne fait que constater, impuissante, la reprise des combats".
Par ailleurs, le média, citant un diplomate occidental, est revenu sur la situation de crise diplomatique opposant Rabat à Berlin et Madrid, survenue après la proclamation par l'ex-président américain Donald Trump d'une prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
"Le Maroc s'est senti pousser des ailes, ils (les Marocains) étaient tellement heureux qu'ils ont commis des erreurs grossières dans la foulée (...), Ils pensaient naïvement que l'Europe allait suivre Trump. On en est très loin", intervient le diplomate.
Par ailleurs, Washington pourrait faire pression pour que le Maroc accepte enfin la nomination d'un envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU au Sahara occidental, estime le même média.
Depuis la démission de l'ex-président allemand Horst Kohler, de ce poste, en décembre 2019, Rabat a refusé sous divers prétextes onze des treize candidats proposés. Or, poursuit Libération, sans un médiateur volontariste, le dialogue politique n'a aucune chance de reprendre et le conflit restera gelé, alors que le Front Polisario veut l'accélérer.
Le mandat de la Minurso, renouvelé tous les ans depuis 1991, arrivera à échéance le 31 octobre.