L’Algérie est l’un des rares pays dans le monde où il n’y a pas de fabrication de médicaments contrefaits, a affirmé le Professeur Yahia Dellaoui de l’université d’Oran, lors du congrès des pharmaciens consacré essentiellement à la contrefaçon médicamenteuse, ouvert samedi à Oran.
"Le problème de la contrefaçon des médicaments est en croissance exponentielle et la situation dans le monde est inquiétante, mais cette contrefaçon n’a pas de place en Algérie. L’Etat a mis en place un dispositif très efficace pour lutter contre ce phénomène, qui constitue un véritable problème de santé publique", a souligné Pr Yahia Dellaoui, lors de cette rencontre organisée par l’Association de Solidarité des Pharmaciens organisés (ASPO).
Selon ce spécialiste en thérapeutique à la Faculté de médecine d’Oran, le dispositif de lutte contre la contrefaçon des médicaments consiste en la mise en place de trois laboratoires dont le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP) basé à Alger, qui a pour mission de délivrer les autorisations de mise en circulation des médicaments en Algérie, après un examen scientifique et rigoureux.
L’autre laboratoire, celui de "pharmaco-vigilance", également basé à Alger s’occupe de la surveillance des effets néfastes des médicaments importés ou produits localement, notamment les effets secondaires de ces produits. Le troisième laboratoire de "toxico-vigilance" contrôle la toxicité des médicaments en les soumettant à des tests scientifiques draconiens, a-t-on expliqué.
D’autre part, Pr Dellaoui, tout en reconnaissant l’existence de médicaments importés frauduleusement, affirme que ces derniers ne sont pas contrefaits, mais sont introduits dans le pays en raison de demandes spécifiques.
Cependant, le même spécialiste a mis en garde contre les médicaments proposés à la vente sur Internet, indiquant que selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un médicament sur trois mis en vente sur Internet est contrefait.
"Cette pratique est inexistante dans notre pays", a-t-il souligné indiquant que les profits générés par la contrefaçon des médicaments dans le monde se sont élevés, en 2010, à 75 milliards de dollars, en référence à l’OMS.
Les participants au congrès ont distingué trois types de médicaments contrefaits.
Le premier est un produit contenant le bon principe actif, mais un mauvais dosage, ce qui peut créer des problèmes aux patients. Dans le second type de médicament contrefait, le principe actif est carrément absent. Dans ce cas précis, les spécialistes ont cité l’exemple de médicaments contrefaits contre le paludisme découverts dans un pays africain.
Le troisième type de médicaments contrefaits concerne des produits contenant des impuretés. L’exemple d’un sirop antitussif contenant de l’antigel mis en vente dans un pays africain. Ce produit a causé la mort de 84 personnes, a-t-on déploré.
Les congressistes ont, d’autre part, indiqué que les médicaments contrefaits ont des effets néfastes sur la santé, l’environnement et l’éthique. "La contrefaçon tue la recherche scientifique", ont-ils soutenu.
Par ailleurs et afin de lutter contre ce fléau, les spécialistes recommandent de sensibiliser le grand public, les professionnels et les autorités publiques sur cette question, le renforcement de la coopération internationale dans ce domaine, le renforcement des sanctions contre les contrevenants et le développement de moyens de vigilance et de contrôle, ainsi qu’une coopération fluide entre les services douaniers, de police et des secteurs de la santé.
APS