L’Algérie n’est pas en butte à une crise énergétique mais à une crise de diversification de son économie, affirme l’ancien ministre et PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, vice-président de l’industrie du gaz.
Commentant la dégringolade des cours du brut, lesquels s’affichent depuis quelques jours à moins de 30 dollars le baril, il considère que ceux-ci ont atteint leur niveau plancher et qu'il sont appellés à fixer finalement à 30 ou 35 dollars, « mais sans plus atteindre les niveaux qu’on leur connaissait avant juin 2015 ».
Selon lui, la crise énergétique actuelle, que «ni le FMI, ni l’Arabie Saoudite » n’ont vu venir, ne s’apparente nullement à celle que le secteur pétrolier a eu à affronter par le passé. Il l’explique notamment par une récession économique en Chine et une autosuffisance en pétrole et en gaz des USA, auparavant gros importateur de brut.
Pour M. Attar, il apparait évident que le pétrole, contrairement au gaz, va perdre de son influence, en raison, explique-t-il, des énergies de substitution obtenues grâce aux progrès techniques. Il cite à ce propos les investissements « considérables » opérées par les pays traditionnellement importateurs de brut pour les développer davantage.
D’une éventuelle réaction salvatrice des pays membres de l’OPEP pour contrecarrer la chute des prix pétroliers, l’invité déclare ne pas trop y croire. « Les choses ne vont pas changer parce qu'explique-t-il, il n’y a pas de solidarité » au sein de cette organisation, et que ce n’est plus elle qui régule les cours, mais le marché.
Commentant les incidences de cette crise sur l’Algérie, dont il pense qu’elle va encore perdurer trois ou quatre années, M. Attar se veut quelque peu optimiste, à la condition, estime-t-il, que le pays utilise cette période pour développer une économie diversifiée.
« On pourrait, propose-t-il, utiliser pour cela les recettes de change du pays ou bien alors avoir recours à l’endettement intérieur et extérieur pour mener à bien des projets en ce sens.
L’alternative, ajoute-t-il, c’est aussi de faire appel aux nouvelles énergies vis-à-vis desquelles « nous avons pris un énorme retard », parce que si on s’approvisionne uniquement en gaz, « on n’en aura même pas pour 15 ans ».
Pour l’intervenant qui appelle à sortir de la « rente », on ne peut parler d’épuisement des réserves énergétique en Algérie, qu’il appelle à utiliser d’une manière «raisonnable et rationnelle».
En termes de réserves, il assure que le pays possède quelque 12 milliards et demi de barils de pétrole, 2.300 milliards de m2 de gaz, entre 700 à 800 milliards de m2 de gaz conventionnel et 20.000 milliards de m2 de gaz non conventionnel.