La France a annoncé mercredi la perte de trois militaires en "mission de renseignement" en Libye, confirmant pour la première fois la présence de ses forces dans ce pays, fragilisé depuis l'intervention en 2011 de l'Otan contre l'ancien régime de Maammar al-Ghadafi et qui fait face à une expansion du groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech).
Le président François Hollande, a confirmé, lors d'une déclaration diffusée par la chaîne de télévision France 24, la mort des militaires français en Libye à la suite d'un accident d'hélicoptère alors qu'ils menaient une mission de renseignement.
"En ce moment-même, nous menons des opérations périlleuses de renseignement" dans ce pays, a-t-il relevé.
Le ministère français de la Défense a déploré la perte de trois sous-officiers français décédés en service commandé en Libye", expliquant que ces trois militaires faisaient partie de "forces spéciales françaises pour le renseignement et l'aide aux factions sur le terrain".
Ils (les forces spéciales françaises) "accomplissent, tous les jours, des missions dangereuses contre le terrorisme", a révélé le ministère.
Or, la France, qui soutient le gouvernement d'union libyen, admettait jusqu'ici que ses avions militaires survolaient ce pays pour collecter de l'information et du renseignement, mais n'avait en revanche jamais confirmé la présence de forces françaises en Libye, évoquée notamment par le quotidien Le Monde.
Paris avait récemment proposé, par la voix de son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, d'apporter son aide à la Libye et son gouvernement d'union nationale pour assurer sa sécurité, notamment maritime.
Mais les autorités libyennes font régulièrement part de leur assentiment au sujet d'une éventuelle intervention militaire étrangère en Libye.
La dernière intervention militaire officielle de la France en Libye remonte à il y'a cinq ans lors de la révolte populaire qui a entraîné la chute du régime d'al-Ghadafi.
Crainte d'une expansion de Daech en Libye
Depuis la chute du régime de Maammar al-Ghadafi, la Libye est confrontée à plusieurs défis, les plus importants étant l'expansion des terroristes de l'organisation terroriste Daech et la situation sécuritaire.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré craindre que des cellules de Daech, chassées de leur fief de Syrte (est libyen) ne s'implantent ailleurs en Libye.
Pour le chef de l'ONU, "les pressions récentes exercées contre le groupe +Etat islamique+ en Libye pourraient inciter ses membres, y compris les combattants étrangers, à se délocaliser et à se regrouper, en cellules plus petites et plus dispersées géographiquement, à travers le pays".
Il a averti dans un rapport au Conseil de sécurité, qu'"à l'avenir, l'impact des combattants de l'EI éparpillés sur des groupes armés dans le sud pourrait devenir une source d'inquiétude".
L'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Martin Kobler, a récemment souligné l'urgence de lutter contre Daech dans le pays et la nécessité de reconstruire une armée libyenne "unifiée et intégrée".
Selon l'ONU, 2.000 à 5.000 membres de l'EI se trouvent à Syrte, Tripoli et Derna.
L'Algérie plaide pour la préservation de la souveraineté de la Libye
La communauté internationale continue à apporter son soutien au gouvernement d'union nationale en Libye en lui promettant de l'aider notamment à instaurer son autorité nécessaire pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans un pays miné par les violences depuis près de cinq ans.
A l'instar d'autres pays, l'Algérie, qui s'est pleinement investie depuis le début de la crise en Libye en faveur du processus conduit par les Nations Unies depuis son lancement pour la recherche d'une solution politique, plaide pour la préservation de la souveraineté de ce pays frère, de son intégrité territoriale et de l'unité de son peuple.
Lors d'une Conférence ministérielle sur la Libye mi-mai à Vienne, le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel, a réaffirmé le soutien de l'Algérie aux efforts du Conseil présidentiel du gouvernement d'union libyen pour la restauration de la sécurité et de la stabilité en Libye.
M. Messahel avait également insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d'accompagner ces efforts pour faire face aux "défis politiques, économiques et sécuritaires auxquels fait face ce pays". APS