Un ultime hommage a été rendu vendredi au peintre et graveur feu Mohamed Bouzid décédé mardi soir dans la capitale française où il s’est éteint paisiblement, entouré de ses enfants et de membres de sa famille.
Ils étaient nombreux à venir, en cette journée, jeter un dernier regard sur celui dont la qualité de l’œuvre ne représentait pas seulement l’Algérie mais également l’universalité.
Dignité, émotion et sobriété mêlées ont distingué la cérémonie de recueillement à laquelle étaient présents les enfants de Mohamed Bouzid, Mohamed et Ahmed, leur mère, les proches et amis, ainsi que les représentants de l’ambassade d’Algérie et du Centre culturel algérien de Paris, venus assister à la levée du corps.
Se confiant à l’APS, et évoquant les souvenirs qui l’ont marqué dans sa proximité avec son père, Mohamed dira, qu’enfant il était "fasciné" par l’atelier de son père.
"Il avait démarré sa carrière dans son atelier à Alger où il s’est installé ensuite à Lakhdaria et ce que j’adorais, c’était me réveiller le matin et enfiler un de ses tee-Shirt qui, vu ma taille d’enfant, avait l’effet d’une gandoura sur moi", s’est-il rappelé.
"Je montais à l’atelier, il m’installait à côté de lui sur un petit tabouret, me plaçait une petite toile blanche et je barbouillais, et cela a laissé un souvenir génial en moi et d’ailleurs, je serai incapable de vous dire si cela s’est produit une, ou mille fois", a ajouté Mohamed visiblement ému à l’évocation de ces pages gravées à jamais dans sa mémoire.
"Il n’a cessé de peindre l’Algérie, ses personnages et ses collines. Sa peinture dégageait les senteurs de l’olivier", dira-t-il encore.
"Mohamed Bouzid, ne nous appartenais pas, il appartenait à l’Algérie, puisque c’est lui qui est le père du sceau et des armoiries de la République algérienne", a estimé de son côté Saleha, la mère de ses enfants.
"A travers sa peinture, il a peint l’Algérie, avec ses couleurs, ses lumières et donné du bonheur aux amoureux des arts plastiques. C’était un excellent peintre", a-t-elle poursuivi.
Connu pour la richesse et la densité de son parcours artistique et le caractère universel de son œuvre, membre fondateur de l'Union nationale des arts plastiques, (UNAP), feu Mohamed Bouzid a participé à de nombreuses expositions collectives à Alger, Bruxelles et Paris où il fut contraint à l’exil en 1994, à l’instar de nombreux intellectuels et artistes, exposés aux assassinats par les hordes criminelles durant la période du terrorisme.
Le Musée national des beaux-arts d'Alger lui a consacré une rétrospective en mai 1999. En 2007, il participe à l’exposition des membres fondateurs de l'Union nationale des arts plastiques (UNAP). En 2008, l’Unesco lui ouvre sa galerie pour présenter son exposition "Les regards de la mémoire".
En décembre 2012, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance nationale, une rétrospective lui est consacrée au Musée National des Beaux-Arts d'Alger.
La dépouille de feu Mohamed Bouzid sera rapatriée samedi après-midi de Paris à destination de Lakhdaria où une veillée funèbre est prévue dans son village natal. Dimanche, il rejoindre sa dernière demeure au cimetière d’El Alia (Alger) où il sera inhumé.