Les experts de l'Onu chargés de veiller au respect des sanctions internationales craignent que les armes réclamées par les autorités libyennes ne tombent entre d'autres mains si le Conseil de sécurité donne son feu vert à de telles livraisons.
Le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale a demandé l'autorisation d'acquérir 150 chars, une vingtaine d'avions de chasse, sept hélicoptères de combat, plusieurs milliers de fusils et des munitions pour combattre les milices armées, mais réclame également la levée totale de l'embargo. En raison des doutes concernant la composition de l'armée, le comité des sanctions redoute "le transfert de matériel à des acteurs non-étatiques".
"Bien que la menace que représentent les mouvements terroristes de Libye pose un problème majeur aux autorités, le comité craint que ce matériel ne soit utilisé contre des zones et des installations sous le contrôle de milices rivales qui ne sont pas des groupes terroristes", écrivent les experts dans une lettre adressée au Conseil de sécurité.
Selon l'ambassadeur libyen à l'ONU Ibrahim Dabbashi, qui intervenait devant le Conseil, le gouvernement internationalement reconnu a présenté une nouvelle demande d'exemption à cet embargo. Il s'agit, a-t-il précisé, de "renforcer la capacité de l'armée de l'air libyenne de surveiller le territoire et les frontières du pays afin d'empêcher les terroristes d'atteindre les champs et les installations pétrolifères".
Il a fait valoir que le gouvernement avait renforcé les contrôles afin d'éviter tout détournement de ces armes.
"Nous verrons dans les prochains jours si les membres de ce Conseil ont vraiment le souci de la sécurité et de la stabilité de la Libye et de toute la région", a déclaré l'ambassadeur libyen devant le Conseil.
Pour l'ambassadeur libyen, "la lutte contre le terrorisme ne doit pas être l'otage du dialogue politique" mais les deux doivent être "menés en parallèle".
"On ne peut pas empêcher le gouvernement de se procurer les armes et équipements militaires nécessaires pour renforcer l'armée et en même temps critiquer ce même gouvernement pour ne pas être capable d'assurer la sécurité, de contrôler les frontières et de prévenir le prolifération des armes", a-t-il encore souligné.
Livrée aux milices, la Libye est dirigée par deux Parlements et deux gouvernements rivaux, l'un proche de Fajr Libya qui contrôle la capitale Tripoli, et l'autre reconnu par la communauté internationale qui siège à Tobrouk (est).