Plusieurs milliers de Soudanais du Sud ont fui la faim et les combats dans le pays ces dernières semaines alors que les rebelles et le gouvernement peinent à appliquer un accord de paix devant mettre fin à deux ans de guerre civile, selon l'ONU.
Près de 10.000 réfugiés sont arrivés depuis la fin décembre dans un camp déjà surpeuplé des forces onusiennes de maintien de la paix à Bentiu, dans la province d'Unité (nord) où les combats ont toujours lieu, a précisé l'Office de l'ONU pour la coordination des Affaires humanitaires (Ocha) dans un rapport, cité dimanche par des médias.
"Les gens du sud (de la province) d'Unité continuent d'arriver (...) faisant passer le nombre total de personnes dans le camp à près de 115.000", ajoute l'Ocha, alors que 193.000 civils s'entassent dans des camps de l'ONU à travers le pays.
Le patron des opérations d'aide de l'ONU au Soudan du Sud, Eugene Owusu, a averti que la crise dans cette province "est extrêmement inquiétante" alors que les problèmes de "malnutrition sont très importants".
Le conflit sud-soudanais, marqué par des atrocités attribuées aux deux camps, a fait des dizaines de milliers de morts et chassé plus de 2,2 millions de personnes de chez elles.
L'Etat d'Unité a été le théâtre de violents combats entre rebelles de l'ex-vice-président Riek Machar et les forces du président Salva Kiir, notamment des enlèvements de masse et des viols de femmes et d'enfants. En octobre, les experts de l'ONU avaient mis en garde contre "un risque concret de famine" dans plusieurs zones de la province inaccessibles à l'aide humanitaire.
Dans le sud du pays, plusieurs milliers de personnes ont également fui les combats dans des régions de l'Etat d'Equatoria, frontalières de l'Ouganda et de la République démocratique du Congo (RDCongo).
Selon l'Ocha, environ 6.100 civils ont traversé la frontière avec la RDCongo depuis novembre.
Le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011, sur les ruines laissées par des décennies de conflit avec Khartoum, avant de replonger deux ans et demi plus tard dans la guerre en raison de dissensions politico-ethniques au sein de l'armée, alimentées par la rivalité entre MM. Kiir et Machar.
Un accord de paix, conclu le 26 août 2015, prévoyait une période de transition et un partage du pouvoir, notamment avec un gouvernement d'union, mais les combats n'ont jamais cessé.
Début janvier, le président Kiir a entériné la nomination de 50 députés issus de la rébellion et accepté un partage des postes ministériels avec celle-ci, mais aucun échéancier n'a été annoncé sur les dates de nomination et de prise de fonctions des nouveaux ministres.