Les divisions sont toujours aussi fortes autour de la question de la déchéance de la nationalité française, malgré les appels du Premier ministre, Manuel Valls, pour la "protection de la nation", en demandant aux Français une "unité sans faille" face au terrorisme.
Présenté vendredi devant les députés, le projet de révision constitutionnelle, annoncé par le président François Hollande au lendemain des attentats terroristes du 13 novembre, provoque encore des divisions tant à gauche qu'à droite de la classe politique française, notamment sur la déchéance de nationalité des terroristes condamnés pour terrorisme.
Même le Front national de Marine Le Pen, qui la réclamait, semble faire marche arrière. Marion Maréchal-Le Pen a annoncé qu'elle ne voterait pas une révision qu'elle qualifie de "perte de temps".
Pourtant, après six semaines de débat contradictoire politico-juridique, M. Valls ne mentionne plus les binationaux, dans sa nouvelle mouture qu'il tente de défendre devant les députés, et on évoque maintenant de déchoir les Français, condamnés pour terrorisme, "quelle que soit l'origine de leur appartenance à la nation", sans souffler mot sur l'apatridie.
Au moment du débat dans une Assemblée française divisée, un rassemblement de militants s'est tenu près de l'Assemblée, contre un projet de révision "inutile" et "dangereux", où "la gauche, en voulant mettre un adversaire dans l'embarras, a jeté aux oubliettes nos valeurs".
A titre de rappel, la recherche d'un compromis au sein de la gauche a donné plusieurs réécritures du projet, pour retirer enfin la référence à la binationalité, puis à l'apatridie, dans le futur texte d'application.
A droite, qui ne donne pas l'impression d'être unie, des indiscrétions font état que seule "la moitié" des députés Les Républicains (LR) voterait la réforme.
Des députés de droite, opposés à la réforme constitutionnelle, ont d'ailleurs salué, lors du débat, des "socialistes courageux", des "frondeurs" de la majorité.
Lorsque le socialiste Bernard Roman a estimé qu'il lui est "impossible" de voter la déchéance de nationalité, c'est Pierre Lellouche (LR), pour qui la réforme "n'a pas lieu d'être", lançant : "C'est bien qu'il y ait des socialistes courageux".
Pour sa part, la presse a souligné, dans son édition de samedi, un "débat difficile" sur la question de la déchéance de la nationalité et "mal engagé".
La Presse de la Manche a estimé que le débat parlementaire est "difficile, mal engagé et qui ne rassemble pas".
"Mais surtout, (à) on a le sentiment que le débat, qui cible particulièrement les binationaux, réveille des angoisses, de mauvais souvenirs et donne à beaucoup d'entre eux le sentiment qu'ils ne sont pas des Français comme les autres", écrit-il.
Pour La Voix du Nord, "le débat s'est à ce point enlisé que la seule porte de sortie semble être l'enterrement", alors que Le Journal de la Haute-Marne croit savoir que "la gauche de la gauche utilise le débat sur la réforme constitutionnelle pour marquer sa différence avec la ligne Valls. A droite, sur fond de primaire, la question de la déchéance enfonce un nouveau coin entre Sarkozy et ses concurrents".
APS