L'attentat meurtrier ayant fait 44 morts, pour l'essentiel des policiers, et plus d'une centaine de blessés en Turquie a suscité lundi une vague de condamnation et d'indignation à travers le monde, rassurant Ankara du soutien de la communauté internationale dans cette épreuve douloureuse.
"C'est très douloureux d'avoir perdu 36 de nos policiers et huit de nos civils dans une attaque sanglante", a déclaré le ministre Recep Akdag devant le Parlement à Ankara, selon l'agence de presse Dogan.
Ce double attentat, qui a eu lieu près du stade de l'équipe de football de Besiktas, dans un quartier très fréquenté d'Istanbul, a été revendiqué par ce qui est appelé les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), un groupe radical kurde proche du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).
Réagissant à cette attaque, l'Algérie a condamné avec la "plus grande vigueur" ce double attentat, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif.
"Nous condamnons avec la plus grande vigueur le double attentat perpétré, hier samedi, au centre d'Istanbul", a-t-il indiqué.
Pour sa part, le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné "dans les termes les plus vifs les odieux et lâches attentats terroristes" qui ont frappé la veille Istanbul.
Ses 15 membres ont réaffirmé dans un communiqué que "le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations représente l'une des plus graves menaces à la paix et à la sécurité internationales".
Ils insistent "sur le besoin de traduire en justice les auteurs, organisateurs, financiers et commanditaires des actes terroristes répréhensibles" demandant à tous les pays "de coopérer activement avec le gouvernement turc et toutes les autres autorités dans ce domaine".
L'ambassade des Etats-Unis à Ankara a condamné sur Twitter une "attaque lâche" et assuré se tenir "aux côtés du peuple turc contre le terrorisme".
Devant le risque d'attentats à Istanbul, les Etats-Unis avaient ordonné en octobre l'évacuation des familles des employés de leur consulat dans la mégalopole turque.
Quant à la France, elle a apporté "son plein soutien à la Turquie dans cette nouvelle épreuve", a déclaré son président François Hollande, tandis que le Royaume-Uni s'est dit, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Boris Johnson, "déterminé à travailler avec la Turquie pour combattre le terrorisme".
Ai sein de l'Otan, le secrétaire général de l'Organisation, Jens Stoltenberg, a condamné "les actes horribles de terrorisme", assurant que l'organisation se tenait aux côtés de "notre allié la Turquie" et restait "déterminée à combattre le terrorisme sous toutes ses formes".
Plusieurs pays européens ont également condamné le double attentat de samedi: Berlin a exprimé ses "condoléances au président Erdogan et au peuple turc".
Représailles contre les rebelles kurdes
Plus de 100 membres du principal parti pro-kurde de Turquie ont été arrêtés après l'attentat d'Istanbul, revendiqué par un groupe radical turc, a rapporté l'agence de presse turque Anatolie.
Les arrestations ont visé des membres du Parti démocratique des peuples (HDP) dans l'ensemble du pays. Parmi les personnes arrêtées figurent notamment les chefs de section du HDP à Istanbul, Aysel Guzel, et à Ankara, Ibrahim Binici, ont précisé des médias turques.
Les membres du HDP arrêtés sont soupçonnés d'appartenance au Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit en Turquie), ou d'en relayer la propagande, a ajouté Anatolie.
En outre, l'aviation turque a détruit dimanche soir le quartier général de la rébellion du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, interdit) dans la région de Zap (Nord de l'Irak), a annoncé l'état-major de l'armée turque (TSK).
Lors de cette série de raids, les avions de chasse turcs ont pilonné à 24 reprises douze autres cibles de la guérilla qui ont été complètement détruits, selon la même source.
Les "Faucons de la liberté du Kurdistan" (TAK), groupe dissident du mouvement rebelle, a revendiqué la responsabilité de ce double attentat. Il avait revendiqué trois autres attaques depuis le début de l'année dont la dernière en juin, un attentat-suicide qui avait tué 11 personnes, sept policiers et quatre civils dans la mégapole stambouliote.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a affirmé que la Turquie "luttera(it) jusqu'au bout contre le terrorisme".
"Que ma nation et mon peuple en soient assurés: nous lutterons jusqu'au bout contre cette malédiction qu'est le terrorisme", a déclaré M. Erdogan lors d'un point presse à Istanbul.
"Nous n'allons pas laisser (cet attentat) impuni. Ils paieront un lourd tribut", a poursuivi le chef de l'Etat turc.
La Turquie a été la cible depuis l'an dernier de nombreuses attaques attribuées aux rebelles kurdes ou au groupe terroriste autoproclamé "Etat islamique" (Daech/EI), qui ont notamment frappé Istanbul et Ankara. APS