La 5G doit voir le jour fin 2019 et promet de multiplier par 1.000 la performance des réseaux. Cette technologie va aussi permettre l'essor de l'Internet des objets.
Elle ne devrait devenir réalité et utilisable par le grand public qu'à la fin de l'année 2019, mais la 5G est déjà sur toutes les lèvres et dans toutes les têtes des acteurs de la filière des télécoms. Personne ne veut être pris de court et depuis plus de trois ans, tout le monde multiplie investissements et partenariats pour être sûr de ne pas rater le bon wagon de « l'ultra » haut débit mobile.
Fin avril, le spécialiste français des ondes, Microwave, a fait savoir qu'il comptait capitaliser sur la 5G . « La 5G c'est une opportunité pour nous de doubler notre activité dans les années à venir », a affirmé Philippe Garreau, le PDG du groupe.
Les géants des télécoms s'activent aussi. Début mai, le troisième opérateur mobile des Etats-Unis, T-Mobile US, a annoncé qu'il souhaitait démarrer le déploiement d'un réseau de cinquième génération sur le marché américain dès 2019 et se fixe pour objectif une couverture nationale en 5G dès 2020. Pour ce faire, le groupe compte utiliser les fréquences acquises lors d'enchères organisées, en avril, par l'Etat fédéral pour un montant qui pourrait atteindre huit milliards de dollars.
Trois semaines plus tôt, l'opérateur télécoms ATT a, lui, cassé sa tirelire et déboursé 1,6 milliard de dollars pour racheter une entreprise américaine, dont le seul intérêt est de disposer des fréquences qui seront utilisées pour la 5G.
Fin février, la 5G a été l'une des grandes thématiques abordées lors du Mobile World Congress (MWC) de Barcelone . Le nouveau DG d'Ericsson, Börge Ekholm, a ainsi assuré, dès le premier jour du salon : « Nous pensons que le marché de la 5G va représenter 1.230 milliards de dollars dans les dix ans ». Le Suédois a une carte à jouer avec cette technologie et multiplie les partenariats avec les secteurs touchés par cette révolution.
L'Europe a pour ambition d'être leader dans le déploiement de la 5G
Fin 2013, un partenariat public-privé (5G PPP) avait ainsi été mis en place entre avec l'Union européenne, qui avait apporté 700 millions d'euros, et des entreprises comme Ericsson et Orange. Les premiers tests grandeur nature de cette technologie sont, eux, prévus pour les Jeux Olympiques de 2018 en Corée du Sud .
Pour l'heure, la France ne fait pas partie des pays les plus avancés concernant le développement de cette technologie. Ce sont la Corée du Sud et le Japon qui font figure de locomotive à l'échelle mondiale. En Europe, ce sont la Finlande et la Suède qui font la course en tête.
« L'Europe a pour ambition d'être leader dans le déploiement de la 5G », a déclaré le commissaire à l'Economie numérique, Günther H. Oettinger, en septembre 2016 , alors qu'il levait le voile sur plan d'action dédié à cette technologie.
Essor de l'Internet des objets
Bruxelles estime en effet à 500 milliards d'euros les investissements nécessaires dans la prochaine décennie, dont une large partie proviendra des opérateurs télécoms. « Toutefois, au vu des tendances actuelles en matière d'investissements, il y aura probablement un déficit d'investissements de 155 milliards d'euros », pointait alors la Commission.
Par quoi va se traduire l'arrivée de cette nouvelle génération de la technologie mobile ? Celle-ci promet de multiplier par 1.000 la performance des réseaux et va aussi permettre l'essor de l'Internet des objets. D'ici à cinq ans, le volume de données qui transiteront sur les réseaux devrait être 10.000 fois plus important, avec une latence (temps de réponse) inférieure à 1 milliseconde, contre 50 millisecondes aujourd'hui.
Les réseaux de nouvelle génération permettront d'augmenter les débits : avec la 5G, l'échelle devient le multi-gigabit par seconde, contre des centaines de mégabits pour la 4G. Le temps de latence sera aussi réduit (moins d'une milliseconde), pour une meilleure réactivité. La 5G permettra également d'exploiter des fréquences plus hautes (au-delà de 1 GHz) que celles utilisées actuellement. Ces avancées techniques intéressent déjà le secteur de l'automobile, pour les futures voitures connectées, mais aussi la médecine, la robotique et, bien sûr, l'Internet des objets.
Tous les secteurs de l'économie vont être irrigués
Le cabinet anglais IHS Markit chiffre à 12,3 trillions de dollars l'apport de la 5G à l'économie globale en 2035. Celle-ci va irriguer tous les secteurs, de la finance à l'industrie manufacturière en passant par les transports et la construction. L'étude prévoit, en outre, la création de 22 millions de nouveaux emplois.En arrière-plan se déroule aussi actuellement une bataille pour la définition des standards de cette technologie . Ceux-ci doivent être cadrés, au plus tard à la fin de l'année 2019, date butoir fixée par l'Union Internationale des Télécoms (ITU), l'organisme des Nations Unies en charge de fixer les règles dans le domaine.
Celui-ci devrait suivre les propositions du 3GPP, le consortium d'industriels du secteur qui avait déjà planché sur la 4G. D'où l'empressement des principaux acteurs à parler de la 5G et de l'avancée de leurs travaux... pour tenter d'influer les futurs choix technologiques.