Soixante-quatre civils ont été tués en avril par une milice soutenue par les forces armées au Kasaï, dans des violences qui ont secoué cette région du centre de la République démocratique du Congo, selon un rapport de l'ONU présenté mercredi à Kinshasa.
En avril 2017, "les miliciens Bana Mura ont exécuté sommairement au moins 64 personnes, dont 9 femmes et 21 enfants", a déclaré Abdoul Aziz Thioye, chef adjoint du Bureau conjoint de l'ONU aux droits de l'Homme (BCNUDH) lors d'une conférence de presse.
Dans une note, le BCNUDH indique que ces violations ont été commises entre le 14 et le 26 avril 2017 "dans le cadre d'opérations de traque des membresde la milice de Kamwina Nsapu et d'une campagne de représailles contre les communautés lulua et luba".
Ancien havre de paix, le Kasaï s'est embrasé il y a un an après la mort en août 2016 du chef coutumier Kamuina Nsapu, qui s'était soulevé contre les autorités de Kinshasa.
Ces violences entre forces de sécurité et milices Kamuina Nsapu ont fait plus de 3.000 morts, selon l'Eglise catholique, l'ONU a dénombré plus de 80 fosses communes et enregistré 1,4 million de déplacés. Deux experts de l'ONU y ont été tués en mars alors qu'ils enquêtaient sur ces violences.
En début du mois de septembre, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, a qualifié, dans un discours prononcé au débat général de l'Assemblée générale des Nations Unies à New York, de regrettable les troubles qui sévissent dans la région de Kasaï dont "l'objectif est d'anéantir la paix si chèrement acquise", selon lui.
"Depuis une année, mon pays est victime d'attaques terroristes menées par certains groupes armés, notamment dans les provinces du Kasaï, voire dans la capitale, et dont l'objectif est d'anéantir la paix si chèrement acquise, de contrarier la dynamique des solutions consensuelles obtenues au niveau national et de miner nos efforts de développement", a déclaré M. Kabila dans son discours.
"Dans le Kasaï, une milice mystico-tribale se servant de la population civile, dont des enfants comme bouclier humain et s'attaquant aux personnes et aux édifices publics qui symbolisent l'autorité de l'Etat, a ainsi semé la terreur, procédant notamment à la décapitation d'agents de l'ordre, d'agents de la Commission électorale nationale indépendante, ainsi que des autorités administratives et coutumières", a-t-il ajouté.
"Notre détermination est de faire en sorte que la lumière sur les circonstances exactes de ce crime soit clarifiée afin que cet acte ignoble, ainsi que ceux dont nos compatriotes ont été victimes, ne restent pas impunis", a indiqué le président congolais, en ajoutant : "C'est le sens des procès publics ouverts depuis plusieurs semaines, après l'arrestation de la plupart des suspects présumés coupables".