La transition énergétique devrait assurer la sécurité du développement économique du pays tout en devenant de moins en moins dépendant des ressources fossiles, a affirmé mercredi à Alger le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni.
Intervenant à l’occasion de la tenue, sous le haut patronage du Président de la République, de la Conférence-exposition sur la stratégie de transition énergétique 2030, le ministre a considéré que le concept de la transition énergétique, né en Europe de l’Ouest dans des pays aux profils énergétiques clairement distincts de l’Algérie, "ne peut être retenu tel quel par l’Algérie, et ce, bien que nous partageons certaines préoccupations communes, notamment en ce qui concerne la nécessité de couvrir nos besoins énergétiques à long terme et le souci d’une préservation de l’environnement et de lutte contre le réchauffement climatique".
M. Guitouni a rappelé, à ce titre que l’Algérie dispose de réserves prouvées récupérables d’hydrocarbures de plus de 4.000 milliards de Tonnes équivalent pétrole (TEP) dont plus de la moitié en gaz naturel.
Selon lui, le pays produit en moyenne ces dernières années autour de 150 millions de TEP dont quelques 100 millions de TEP sont exportés.
Pour ce qui est de la capacité de production nationale, elle est appelée à croître à moyen terme, comme c’est le cas pour les exportations, a-t-il avancé.
Pour le ministre, aux réserves prouvées récupérables s'ajoute le potentiel appréciable de ressources d'hydrocarbures (probables et possibles) restant à découvrir, au vu du vaste bassin sédimentaire du pays, relativement peu explorée.
Au-delà de ce potentiel, viennent s'ajouter, en termes de réserves conventionnelles d'hydrocarbures, celles résultant de l'accroissement du taux de récupération de gisements en exploitation qui représentent une ressource importante à mobiliser pour améliorer le profil de production et les réserves nationales.
A ce propos, a poursuivi M. Guitouni, le gouvernement s’attèle à promouvoir l’investissement pour l’élargissement de la base de ses réserves et développer sa production d’hydrocarbures, notamment par l’amélioration du cadre juridique et fiscal afin de le rendre plus attractif.
Ceci se fera, selon lui, à travers la refonte de la loi sur les hydrocarbures engagés au niveau du ministère de l’Energie.
Pour le ministre, au vu de ces ressources conventionnelles d’hydrocarbures, un scénario moyen de production permettrait à l’Algérie de couvrir largement ses besoins énergétiques et à même de rester un exportateur significatif à l’horizon 2030, voire au-delà.
Le non conventionnel et les énergies renouvelables au coeur de la politique énergétique de l'Etat
Par ailleurs, M. Guitouni a mis l’accent sur l’impératif de développer les ressources non-conventionnelles d’hydrocarbures, notamment gazeux.
Toutefois, il a soutenu que l’Algérie "n’est pas contrainte à se précipiter pour lancer le développement et l’exploitation de ces ressources", expliquant qu’il est plus indiqué de s’atteler à mieux connaître les caractéristiques de ce potentiel en vue d'assurer, à moyen et long termes, l'indépendance énergétique du pays.
Ces ressources non conventionnelles permettraient, selon lui, la couverture des besoins énergétiques du pays "à très long terme".
Plus encore, a-t-il fait valoir, ces ressources "ne sont en aucun cas une source de rente pétrolière, idée que nous devons écarter dès à présent, pour éviter toute désillusion à l'avenir".
Evoquant les énergies renouvelables (EnR), M. Guitouni a considéré qu’au-delà des hydrocarbures, il revient au pays de mobiliser toutes ses ressources notamment en ces énergies, et ce, grâce au très vaste potentiel dont jouit le pays à travers le solaire, l'éolien, la biomasse...
En vue de réussir la transition énergétique, la mobilisation des ressources renouvelables est ainsi nécessaire pour consolider, sur le long terme, la couverture des besoins énergétiques du pays et en faire un facteur de développement industriel et de diversification économique, a-t-il détaillé.
Il a rappelé, à ce titre que le programme du gouvernement adopté en 2011 et mis à jour en 2015, prévoit le développement d'une capacité de 22.000 MW d'électricité d'origine renouvelable, notamment solaire, à long terme.
Ce programme devrait permettre l'économie de quelques 300 milliards de m3 de gaz, soit un volume additionnel aux réserves du pays, équivalent de 7 à 8 années de consommation nationale actuelle de gaz.
Ce programme des énergies renouvelables est adossé à celui de l'efficacité énergétique à travers diverses actions et projets au niveau de plusieurs secteurs économiques (ménages, services, industrie, transport).
Pour réussir ce programme, l'Etat a pris des mesures et a mis en place des moyens tels le Fonds des énergies renouvelables et de maîtrise de l'énergie, alimenté notamment par un prélèvement à partir de la fiscalité pétrolière.
Abordant l’état d’avancement de ce programme, M. Guitouni a indiqué qu’il était en phase initiale de concrétisation, nécessairement lente, avec la mise en place des cadres juridiques et institutionnels et la réalisation de plusieurs centrales photovoltaïques, totalisant une capacité de près de 400 MW.
Après cette phase initiale, l'Algérie s'apprête à un déploiement à grande échelle de l'électricité renouvelable, selon lui.
Dans ce sens, l’Algérie devrait saisir l’opportunité de développer les énergies renouvelables en mettant sur pied une industrie dans ce domaine, a-t-il ajouté. APS