La récente Note de la Banque d’Algérie, invitant les banques à ne plus questionner les clients sur l’origine des fonds qu’ils veulent déposer, est saluée par le président de l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), Boualem Djebbar, qui voit dans cette mesure un moyen de « capter le maximum de ressources financières et de maximiser la bancarisation de l’économie ».
M. Djebbar, qui était, jeudi matin, l’Invité de la rédaction de la Chaine 3 de la Radio Algérienne, a indiqué que l’introduction de cette flexibilité en matière d’ouverture de compte, qu’il soit compte particulier ou compte courant entreprise, « va permettre, à coup sûr, aux banques d’aller de l’avant et de capter le maximum d’argent ».
« Permettre au client de déposer, librement, son argent et de l’utiliser, à tout moment, librement, sans lui demander, aussi, ce qu’il va faire avec son argent. Je pense que c’est un élément qui pourrait capter et gagner la confiance du client », considère M. Djebbar.
Interrogé sur d’éventuels risques de blanchiment d’argent, l’Invité de la rédaction de la Chaine 3, estime que la Note de la Banque d’Algérie « n’est pas en contradiction avec le dispositif national de lutte contre le blanchiment qui relève d’autres organes de contrôle », « le rôle de la banque, précise-t-il, c’est de travailler sur la base de la connaissance du clients, lui réserver le meilleur accueil, recevoir son argent et le faire transiter dans le circuit économique ».
Encourager la bancarisation
A travers cette souplesse introduite dans le fonctionnement bancaire, l’autorité monétaire espère absorber l’énorme masse monétaire qui circule hors des banques, évaluée par le gouverneur de la Banque d’Algérie à 33% de la masse monétaire globale en circulation, soit l’équivalent de 4.675 milliards (mds) de dinars.
Selon M. Djebbar, l’argent de l’informel ne représente que 2.000 mds DA, les 2.700 autres mds DA qui circulent hors banques « appartiennent aux ménages qui préfèrent prendre leurs salaires entièrement pour le garder chez eux pour les besoins des transactions quotidiennes ».
Le meilleur moyen de capter cet argent, poursuit M. Djebbar, c’est de développer les instruments d’épargne et de paiement, et « surtout de rassurer les gens et gagner leur confiance pour qu’ils puissent s’habituer et se familiariser à avoir leur argent en banque ».
Insuffisance des liquidités
En l’espace de quelques années, les banques sont passées d’une situation d’abondance de liquidités à une situation d’insuffisance de liquidités. Le président de l’ABEF explique cette évolution par la baisse, à partir de 2014, des ressources provenant des hydrocarbures, et, aussi, par l’importance des crédits à l’économie, qui ont connus une croissance de 26%, consommés entre 2014 et 2016.
L’année 2017 a enregistré un reflux des crédits à l’économie, mais la progression est toujours à 2 chiffres, avec 12% de croissance, signale M. Djebbar, qui estime l’encours de ces crédits, au 31 décembre 2017, à 8.800 mds DA, contre 7.900 mds DA à la même période en 2016.
Ces crédits sont constitués à 75% de crédits d’investissement, à moyen et long terme, avec des différés importants dans la majorité des cas de 3 à 4 ans, voir 10 ans pour les grands crédits publics, ajoute M. Djebbar.
Autre chiffre important à retenir, celui des crédits impayés ou non recouverts, évalué à 10%, cumulés depuis l’existence des banques en Algérie, et qui concerne tous les types de crédits confondus : public, privé, Ansej, agricole, etc. « La moitié (50%) de ces crédits impayés est catégorisée, selon le jargon bancaire, class 3, c’est-à-dire hautement risqué », conclut M. Djebbar.