Les Etats-Unis ont demandé mardi le report d’un vote sur un projet de résolution prorogeant le mandat de la Minurso au Sahara Occidental après des divergences importantes sur son contenu, alors que les tractations au sein du Conseil de sécurité sur une nouvelle mouture du texte se poursuivent.
Mardi la mission américaine auprès de l’ONU a motivé sa demande de report par le besoin d’accorder aux Etats-Unis, en tant que porte-plume de la résolution, plus de temps afin d’examiner toutes les propositions qui ont émergé de la réunion du Conseil de sécurité lundi.
La délégation américaine à l’ONU devrait rencontrer séparément quelques membres du Conseil de sécurité afin de s’assurer que les différentes positions exprimées sur ce projet ont été pleinement comprises.
Les discussions ont achoppé mardi sur une deuxième mouture du projet à laquelle les Etats-Unis ont demandé de surseoir faute de consensus. Points de discorde : El Guergarat et bien d’autres éléments contenus dans ce texte et qui sont en relation avec le processus onusien au Sahara Occidental, selon cette deuxième mouture consulté par l’APS.
La mission devrait présenter dès mercredi une troisième version de ce texte tenant compte des observations faites par les différentes parties.
Les points soulignés par la mission américaine dans la deuxième mouture du projet, qui doivent encore faire l’objet de discussions concerne certains éléments de langage de la résolution.
Le projet préparé par les Etats-Unis mais marqué par l’empreinte de la France qui s’oppose à l’autodétermination du peuple sahraoui, qui rappelle l'entétement du Maroc à présenter "un plan d’autonomie", faisant fi de toutes les résolutions de la légalité internationale traitant du cas du Sahara occidental comme "territoire non autonome, donc éligible un processus d'autodétermination".
Ainsi, la référence française représente un changement dans les éléments de langage du Conseil de sécurité et se trouve en contradiction avec ses différentes résolutions qui soulignent la nécessité de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable permettant d’aboutir à l’autodétermination du peuple sahraoui, précisent des sources proches du dossier à l’APS.
Ce nouveau libellé pourrait avoir des conséquences sur le mandat accordé à l’Envoyé personnel, Horst Kohler, ainsi que sur le cadre qui sous-tend le processus onusien au Sahara Occidental, a-t-on ajouté de même source.
L’autre élément qui fera l’objet de discussions, concerne les deux localités de Bir Lahlou et Tifariti que la France et le Maroc veulent intégrer à la zone tampon d’El Guergarat, malgré qu’elles soient situées dans les territoires sahraouis libérés.
L’ONU a eu, d’ailleurs, à réaffirmer jeudi dernier que ces deux localités sahraouies ne font pas partie de la zone sous surveillance des Nations Unies, mais la France et le Maroc veulent empêcher le Front Polisario, via ce projet de résolution, de disposer de ses propres territoires.
La partie marocaine, aidée par la France, tente également de se dérober à ses responsabilités dans la crise actuelle à El Guergarat, en cherchant à empêcher le Conseil de sécurité de reconduire le paragraphe 3 de la résolution de l’année dernière qui invite le secrétaire général de l’ONU à examiner les moyens de résoudre cette crise.
Le Maroc s’est opposé à l’envoi d’une mission d’experts, proposée par le secrétaire général de l’ONU, Antonio Gueterres, la jugeant "inopportune et inappropriée".
Le projet de résolution, présenté par les Etats-Unis, réaffirme, par ailleurs son plein soutien aux efforts de l’émissaire onusien Horst Kohler et appelle les deux partis au conflit de reprendre les "négociations directes sans préconditions et de bonne foi". APS