Le président du Soudan du Sud Salva Kiir et son rival Riek Machar sont convenus mercredi d'un cessez-le-feu «permanent» effectif dans les 72 heures.
«Toutes les parties se sont entendues sur un cessez-le-feu permanent (qui entrera en vigueur) sous 72 heures», a annoncé le chef de la diplomatie soudanaise Al-Dirdiri Mohamed Ahmed.
Il faut savoir que cet accord a été scellé à l'issue d'un nouveau round de discussions entre les deux principaux protagonistes dans la capitale soudanaise Khartoum, alors que l'ONU leur avait donné jusqu'à fin juin pour parvenir à «un accord politique viable» sous peine de sanctions.
M. Kiir et Machar ont ensuite signé le document, appelé «la Déclaration de Khartoum», en présence du président soudanais Omar el-Béchir.
«Ce jour était attendu par notre peuple au Soudan du Sud et il est maintenant arrivé», a déclaré M. Kiir.
Pour M. Machar, le cessez-le-feu doit préluder à «la fin du conflit».
Plusieurs précédents accords de cessez-le-feu ont volé en éclat, comme en 2016, l'année où M. Machar a fui son pays.
Deux ans après avoir obtenu son indépendance du Soudan, le Soudan du Sud s'est enfoncé dans une guerre civile en 2013 quand M. Kiir a accusé son ex-vice-président, Riek Machar, de fomenter un coup d'Etat.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés.
Des centaines de milliers ont trouvé refuge au Soudan, selon l'ONU.
Les pourparlers de Khartoum ont suivi un sommet des Etats d'Afrique de l'Est à Addis Abeba qui s'était achevé sans percée.
«Nous offrons cet accord comme un cadeau aux Sud-soudanais», a déclaré M. Béchir.
Selon la «Déclaration de Khartoum», les arrangements de cessez-le-feu prévoient notamment un désengagement militaire, un retrait de toutes les forces alliées, l'ouverture de couloirs humanitaires et la libération des prisonniers de guerre et des détenus politiques.
L'accord permet également le déploiement de forces de l'Union Africaine (UA) et de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad, organisation est-africaine) pour superviser le cessez-le-feu.
«Les arrangements de sécurité viseront à la mise sur pied d'une armée nationale, d'une police et d'autres organes de sécurité, qui seront loin de toute affiliation tribale ou ethnique», selon le texte qui préconise aussi le «désarmement des civils dans le pays».
Sur le plan politique, un gouvernement de transition doit être formé en 120 jours et sera appelé à gérer le pays pendant une période de 36 mois, ajoute le document. «Pendant la période de transition, le pays devra préparer des élections nationales» appelées à «être libres et ouvertes à tous les partis».
Il prévoit par ailleurs que le Soudan du Sud réhabilite avec la coopération de Khartoum les blocs de gisements de pétrole 1, 2, 4 et 5A dans l'Etat d'Unity (nord du Soudan du Sud) dans le but de ramener la production à son ancien niveau.
Lors de la guerre, la production de pétrole qui représentait 98% des revenus du jeune pays à son indépendance en 2011, a chuté à environ 120.000 barils par jour contre 350.000 avant le conflit, selon la Banque mondiale.
Dans un communiqué de son porte-parole publié à New York, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'est dit encouragé par l'accord et par «l'engagement renouvelé des parties à redoubler les efforts dans l'intérêt de la paix».
Il a souligné la disposition de l'ONU à soutenir «le leadership et le peuple du Soudan du Sud dans leur recherche d'un accord juste et global». APS