Les travaux du 31ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) ont pris fin lundi soir à Nouakchott avec l’adoption des rapports et des résolutions présentés par les différentes commissions, notamment sur le Sahara occidental, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, la corruption ainsi que les réformes institutionnelles de l’Organisation et l’adhésion d’autres pays du continent à la Zone de libre-échange continentale (ZLEC).
La mise en place du Mécanisme africain permettant à l’UA d’apporter un «appui efficace» au processus conduit par l’ONU, basé sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en vue de parvenir à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, a été adoptée par la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement, à laquelle a assisté le
Premier ministre Ahmed Ouyahia en sa qualité de représentant du Président Abdelaziz Bouteflika.
Ce mécanisme a été adopté suite au rapport élaboré par le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki sur la question du Sahara occidental et dans lequel il a été rappelé que le Sahara occidental et le Maroc doivent reprendre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l’ONU.
Il s’agit de négociation ½sans conditions préalables et de bonne foi en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le contexte d'arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations unies».
Le rapport établi par M. Faki et adopté par le sommet de l’UA souligne qu’il est «crucial que l’Union s’implique activement» dans la recherche d'une solution, au conflit, au titre de sa responsabilité dans la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité sur l’ensemble du continent.
Réformes institutionnelles et adhésion à la ZLEC
Les propositions sur les réformes tous azimuts de l’UA ont été adoptées par les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont appelé à préserver l’image de l’Afrique et de son Organisation en veillant notamment à l’application des décisions de l’UA.
Il s’agit pour eux de «préserver les intérêts et la dignité de l’Afrique», à travers ces réformes qui s’inscrivent dans le cadre de la mise en œuvre de l’Agenda 2063. Dans ce sens, le président en exercice de l’UA, Paul Kagame a mis l’accent sur la poursuite et l’accélération des réformes institutionnelles au sein de l’Union par la généralisation de la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale.
Plusieurs pays, dont l’Algérie, ont signé l’acte d’adhésion à la ZLEC, en attendant que d’autres pays leur emboitent le pas pour faire du continent un marché dynamique et prospère, tourné vers le développement et la modernité.
La lutte contre la corruption, un autre défi pour l’Afrique
L’Union africaine fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille, le thème choisi par l’UA pour l’année 2018 étant «Gagner la lutte contre la corruption : un chemin durable vers la transformation de l’Afrique».
Les résolutions relatives à la lutte contre la corruption ont été adoptées par les chefs d’Etat et de gouvernement qui ont fait part de leur disponibilité de conjuguer leurs efforts dans ce domaine.Dans son intervention sur le sujet, M. Ouyahia a exposé les efforts de l’Algérie dans la lutte contre la corruption, précisant que l’Algérie, sous la direction du Président Abdelaziz Bouteflika, a affiché «sa détermination à combattre le fléau de la corruption qui ne l’épargne malheureusement pas».
Il a soutenu que cette détermination de l’Algérie s’est d’abord illustrée par la ratification des conventions des Nations unies et de l’Afrique pour la prévention et la lutte contre la corruption, dont le contenu a été largement intégré à la législation nationale en la matière.
Le Premier ministre a également rappelé que l’Algérie s’était dotée d’un organe constitutionnel de prévention et de lutte contre la corruption, lequel concourt activement à la prise en charge de ce dossier.
Financement de l’UA et blocage du fonds du Parlement africain
Le financement de l’UA constitue un véritable casse-tête pour l’Organisation panafricaine. Un débat ½intense» a caractérisé la séance consacrée à ce volet lors de ce sommet, bloquant le budget du parlement africain dont le bilan comporte plusieurs réserves.
Dans le volet, le taux de recouvrement des cotisations des pays membres de l’UA ne dépasse pas les 30%, alors que l’Organisation panafricaine ambitionne d’assurer son autonomie financière à l’horizon 2020.
Le budget de l’UA est consacré à hauteur de 75% à son fonctionnement et les autres 25% vont aux opérations de paix et sécurité en Afrique, au moment où le nombre de pays contribuant au budget de l’UA demeure «très limité».Ce déficit est comblé par des donateurs et des contributeurs, notamment la Banque mondiale, la Chine, la Turquie et l’Union européenne.
Paix et sécurité : dénouement de plusieurs situations de crise
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UA ont regretté que l’image renvoyée par l’Afrique soit celle d’un continent ravagé par des conflits, des crises, le terrorisme, l’émigration clandestine et le crime organisé, alors que les indices de développement du continent sont en progression constante.
A ce propos, le commissaire à la paix et la sécurité de l’UA, Smail Chergui, s’est félicité du dénouement de plusieurs situations de crise et de conflit, citant la réconciliation au Kenya, l’accords signé entre l’Ethiopie et l’Erythrée, celui signé entre le président sud-soudanais Salva Kiir et son rival Riek Machar à Khartoum, ainsi que l’accalmie enregistré au Burundi après le renoncement du président de la République de ce pays à briguer un autre mandat.
Toujours au plan sécuritaire, la mise en ouvre de l’accord et de paix et de réconciliation nationale au Mali se poursuit de manière normale, alors que les efforts, notamment ceux de l’Algérie en matière de préservation de la paix dans la région du Sahel, ont été mis en exergue et salués par l’UA.
De son côté, l’Algérie a fait part de sa disponibilité à poursuivre ses efforts en la matière, appelant à privilégier les solutions politiques et pacifiques, notamment en Libye.