Le président tunisien Béji Caïd Essebsi a déclaré, dans une interview diffusée dimanche soir par des médias locaux, que la situation actuelle de la Tunisie "est difficile" marquée par une crise politique et une conjoncture socio-économique fragile.
La situation générale du pays, ainsi que l'avenir du gouvernement de Youcef Chahed, ont été largement abordés par le président Essebsi dans l'interview dont des extraits ont été reproduits par l'agence TAP.
Répondant à une question sur la position du président de la république à l'égard du gouvernement Youssef Chahed et "ses propositions de sortie de crise politique", M. Essebsi a indiqué que "les Tunisiens ont plutôt besoin de voir des conditions favorables au rétablissement de la confiance entre gouvernants et gouvernés".
"Si la situation persiste (...) le chef du gouvernement doit soit démissionner, soit solliciter, de nouveau, le vote de confiance du parlement", a-t-il indiqué. "On ne peut répondre aux aspirations des citoyens sans un gouvernement fort et d’institutions solides, loin de toute exclusion. Nous ne voulons exclure personne", a-t-il relevé, avant d'ajouter que "ni le mouvement Ennahdha qui soutient le gouvernement, ni une quelconque autre partie".
Le chef de l'Etat s'est exprimé aussi sur la poursuite ou non du consensus avec le mouvement Ennahdha et a passé "des messages aux Nidaistes et aux autres forces politiques", en disant que "le consensus n’est pas impossible, mais peut être difficile si chaque partie campe sur sa position", ajoutant : "Tout le monde est aujourd’hui unanime à estimer que la situation actuelle s’est dégradée et ne peut plus durer. Il faudrait en sortir dans les plus brefs délais".
Sur la crise de Nidaa Tounes, parti qu’il a créé en 2012, le président a déclaré : "Il faut que certaines parties cessent de vouloir diviser Nidaa Tounes". "Il ne faut exclure personne que ce soit au sein ou en dehors des partis", a-t-il dit.
Béji Caid Essebsi a en outre souligné le besoin d'une ceinture politique pour soutenir le gouvernement, regrettant la suspension du Document de Carthage, regroupant cinq partis politiques (Nidaa Tounes, Ennahdha, l’Union patriotique libre, Al-Massar et Al-Moubadara) et quatre organisations nationales (l'UGTT, l'UTICA, l'Union tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche et l'Union nationale de la femme tunisienne).
Le 28 mai dernier, le président tunisien a décidé la suspension des négociations engagées dans le cadre du Document de Carthage 2, en raison d'un différend concernant le point 64 du Document relatif au remaniement ministériel, le maintien ou le départ de Chahed.
Dans son interview, Essebsi est revenu, d'autre part, sur le rôle de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) dans la gestion de la crise, commenté l'attentat terroriste de Ain Soltane dans le gouvernorat de Jendouba, et parlé de sa position sur le limogeage du ministre de l'Intérieur Lotfi Brahem et des changements de directions opérés dans le corps sécuritaire.
A la question sur sa position sur les éventuelles contestations sociales que compte mener l’UGTT, le président s’est dit "convaincu que la centrale syndicale ne peut mener des actions qui vont à l’encontre de l’intérêt" du pays.
A propos de l’attaque terroriste survenue à Ain Soltane (gouvernorat de Jendouba), dimanche dernier, Essebsi a indiqué que "cet acte tragique a montré des failles qu’il faut corriger".
Sur la révocation de l’ancien ministre de l’Intérieur par le chef du gouvernement, Essebsi a indiqué que Youssef Chahed l’avait informé de son intention de démettre Lotfi Brahem de ses fonctions", soulignant néanmoins qu'"Il était possible compte tenu de l’intérêt public de reporter la question et de procéder au changement à la tête de ce département dans le cadre d’un remaniement".
A propos de l'élection présidentielle de 2019, Caïd Essebsi a déclaré que la Constitution lui accorde le droit de se présenter à nouveau. "Les Tunisiens sauront si je compte me présenter ou pas au moment opportun, à l’ouverture du dépôt des candidatures".
"Je suis persuadé que cette question n’est pas la principale préoccupation des Tunisiens. Par contre, ce qui les préoccupe vraiment sont l’augmentation du taux de chômage et celui de la pauvreté". APS