Le Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP) a appelé les pays européens à refuser toute exportation d'équipement militaire à destination de Rabat, soulevant la question de l’occupation du Sahara occidental par le Royaume du Maroc et de nombreuses violations passées et présentes des droits de l'Homme des Sahraouis.
Le GRIP a mis en garde dans une récente note d'analyse les pays européens quant à leurs exportations d’armes vers le Maroc en insistant sur la non-conformité du transfert de ces équipements militaires avec les critères d’évaluation de pré-exportation établis par l'Union européenne dans la "Position commune".
"Le Maroc continue d’occuper et de coloniser la plus grande partie du Sahara occidental", a fait savoir l’étude du GRIP, tout en évoquant "des pratiques répressives violentes et injustifiées concernant la liberté de mouvement, la liberté d’expression et d’association, le droit à un procès équitable ou encore la sauvegarde des droits économiques, sociaux et culturels" du peuple sahraoui.
Dans cette note, le centre de recherche a rappelé également "la brutalité de l’arrivée marocaine dans les territoires sahraouis obligeant une grande partie de la population sahraouie à prendre le chemin de l’exil".
" A l’heure actuelle, aucun Etat ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, territoire qu’il occupe depuis 1975. ", a relevé le GRIP dans son analyse.
S'appuyant sur différentes sources documentaires et rapports des organisations internationales, le centre de réflexion a appelé les Etats de l'UE, à tenir compte dans leurs exportations d'armements sur les "violations répétées des droits fondamentaux qui sont commises par les autorités marocaines, notamment dans les territoires occupés du Sahara occidental'.
A ce propos, la note du GRIP a cité les rapports récents des ONG, Human Rights Watch et d’Amnesty International, qui ont mis en évidence de "graves violations commises" par Rabat au Sahara occidental occupé.
Parmi les faits récents, le centre de recherches a évoqué la répression des manifestations du Hirak du Rif ou le procès des militants sahraouis du Gdeim Izik, qui constituent, selon cette étude, "des exemples de pratiques répressives violentes et injustifiées concernant la liberté de mouvement, la liberté d’expression et d’association, le droit à un procès équitable ou encore la sauvegarde les droits économiques, sociaux et culturels".
En outre, dans cette analyse, les experts du GRIP ont mentionné que "les autorités marocaines imposent des restrictions aux journalistes et organisations qui s’intéressent au Sahara occidental" et que "des défenseurs étrangers des droits des Sahraouis sont régulièrement expulsés du territoire marocain".
"L’occupation du Sahara occidental par le Royaume du Maroc, au mépris de l’avis des Nations unies et de la Cour internationale de Justice, ainsi que les nombreuses violations passées et présentes des droits humains du peuple sahraoui pourraient servir d’argument pour refuser toute exportation d’équipement militaire à destination du Maroc", a recommandé ce centre de recherches basé à Bruxelles dans son document.
Dans ce sillage, l'étude du GRIP a proposé d'invoquer notamment le troisième critère de la Position commune de l'UE qui prévoit le refus d’autorisation d'exportation des armes si celles-ci sont susceptibles de provoquer ou de prolonger des conflits armés ou d’aggraver des tensions ou des conflits existants dans le pays de destination finale.
La présente note d’analyse réalisée par le GRIP avait fait l'objet, toutefois, d’une campagne de désinformation menée par les médias marocains qui l’ont intentionnellement déformée pour s'attaquer au Front Polisario, a indiqué une source européenne proche du centre.
Alors que le rapport du centre traitait de la question des exportations d’armes au Maghreb, certains médias marocains ont "délibérément évoqué la question du Sahara occidental qui a été soulignée uniquement comme point d’analyse sur les relations entre l’Algérie et le Maroc", a signalé la même source.
"Les médias marocains ont voulu sortir cette étude de son contexte, étant donné qu'elle avait explicitement souligné que le Maroc continue d’occuper et de coloniser la plus grande partie du Sahara occidental", déplore-t-on.