L’émissaire onusien, Horst Kohler, compte accélérer la cadence les prochaines semaines pour relancer les négociations directes entre le Front Polisario et le Maroc, mettant à profit les premiers pourparlers de Genève, prévus en décembre prochain, pour discuter des prochaines étapes du processus onusien, précisent des sources concordantes à l’APS.
L’envoyé personnel du SG de l’ONU a été explicite et suffisamment clair sur l’objectif de ces pourparlers, en indiquant dans les invitations adressées aux parties au conflit, qu’ils visent à discuter des prochaines étapes pour relancer le processus politique, explique-t-on de mêmes sources.
Il est aussi question de dresser un bilan des développements survenus depuis l’arrêt du processus de Manhasset en 2012.
Les invitations envoyées aux deux parties au conflit ainsi qu’au deux pays observateurs, l’Algérie et la Mauritanie, viennent surtout en application de la résolution 2414 du Conseil de sécurité qui a confirmé le soutien de l’organe onusien à la relance des négociations directes sans pré-conditions.
Un élément de taille que l’ancien président allemand n’a pas manqué de souligner dans ces invitations. En somme, il s’agit d’un rappel à l’adresse du Maroc qui refuse de revenir à la table des négociations que si son plan d’autonomie est mis comme seule option pour le règlement du conflit.
M. Kohler évoque un chapitre résolument nouveau dans le processus onusien qu’il veut ouvrir en relançant ces négociations directes, relevant que l’autodétermination du peuple sahraoui demeure réalisable sur le terrain.
L’annonce de la reprise des négociations représente une victoire diplomatique de grande portée pour le Front Polisario qui n’a cessé de réclamer la relance de ce processus bloqué depuis plusieurs années par le Maroc et la France.
Au demeurant, ces premières discussions seront tenues sous le format 2+2, le même que celui de Manhasset, précisent nos sources, soulignant que les deux parties au conflit, en l’occurrence le Front Polisario et le Maroc, sont connues et déterminées par des résolutions onusiennes.
Ce format n’est pas discutable, il n’est pas sujet à débattre, affirment-elles.
Des observateurs s’interrogent déjà sur la volonté du Maroc de répondre positivement à l’invitation du médiateur onusien. Les deux parties au conflit ont jusqu’au 20 octobre pour communiquer leur disponibilité à prendre part à ces discussions.
La réponse donnée par les parties au conflit à ces invitations représente "l’étape la plus importante" dans l’enclenchement de ce processus, souligne l’agenda prévisionnel du Conseil du sécurité pour le mois d’octobre, publié vendredi à New York.
Une note accompagnant l’agenda, consacrée aux derniers développements concernant le dossier du Sahara Occidental, rappelle la disponibilité du Front Polisario à s’engager dans des négociations directes dans une allusion à peine voilée aux doutes entourant la volonté du Maroc de reprendre ces discussions.
Pour autant, le document, se basant sur des recoupements d’informations recueillis auprès du Conseil de sécurité, relève que les membres de l’organe onusien souhaitent voir des progrès dans la reprise des négociations.
Cela concerne en premier lieu les Etats-Unis qui ont exercé des pressions au sein du Conseil de sécurité pour pousser à la reprise des négociations.
Les Etats-Unis, agacés par le blocage du processus de paix, ont déclaré en avril dernier qu’il "était temps de voir des progrès vers une solution politique après 27 ans de statut quo".
Washington a, alors, affirmé que la responsabilité incombait au Conseil de sécurité qui a laissé "le Sahara Occidental devenir un exemple typique de conflit gelé".
C’est à ce titre que la 73 ème session de l’Assemblée générale de l’ONU a constitué l’occasion pour la communauté internationale de relancer le débat sur ce "conflit oublié".
L’envoyé personnel du secrétaire général s’est activé durant son séjour à New York pour relancer le processus, multipliant les rencontres avec le chef de la diplomatie algérienne, Abdelkader Messahel, les deux parties au conflit et le sous-secrétaire américain aux Affaires politiques, David Hale.
De son côté, la diplomatie américaine a tenu des discussions à huis clos avec le médiateur onusien, et les ministres des Affaires étrangères algérien et marocain.
La note relève, par ailleurs, certains défis auxquels pourraient faire face l’organe onusien dans les prochains jours, citant en cela les divergences qui pourraient survenir autour des recommandations que va présenter le secrétaire général pour améliorer le fonctionnement de la Minurso (Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental).
Un examen indépendant des activités de la Minusro, commandé par le secrétariat général, a été mené juste après le renouvellement du mandat de cette mission onusienne en avril.
Ses conclusions, qui seront incluses dans le prochain rapport du secrétaire général sur le Sahara occidental, auraient mis en exergue le rôle joué par la Minurso dans la prévention des conflits au Sahel.
L’audit a conclu qu’un retour aux hostilités en cas de non renouvellement du mandat de la Minurso, coûterait beaucoup plus cher à l’ONU que les 53 millions de dollars qu’elle verse annuellement pour financer le fonctionnement de cette mission.