Les Camerounais devront élire dimanche prochain lors d'un scrutin "important" leur nouveau président parmi neuf candidats en lice dont le président sortant, Paul Biya, candidat à sa propre succession.
Plus de 6,5 millions d'électeurs sont ainsi appelés le 7 octobre à élire leur nouveau président, pour reconduire ou non le président Paul Biya, 85 ans, à la tête du pays depuis 35 ans.
La campagne pour le scrutin présidentiel a officiellement débuté le 22 septembre, avec la tenue de meetings dans plusieurs villes du pays sur fond de crise sécuritaire dans les régions anglophones du Nord-ouest et du Sud-ouest.
Cette élection intervient dans un contexte sécuritaire délicat l'armée étant déployée dans trois des dix régions du pays: l'Extrême-Nord, où elle combat les terroristes de Boko Haram, et les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, théâtre d'un mouvement de contestation contre la "marginalisation".
"Cette élection représente une opportunité importante pour l'électorat de s'exprimer librement sur l'avenir du pays", a estimé Mme Maja Kocinjacic, porte-parole pour les Affaires étrangères de l'Union européenne (UE).
Néanmoins, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a profané des accusations de "fraude en train d'être organisée avec la caution d'Elecam", l'organe chargé d'organiser le scrutin.
Huit candidats face au président sortant
L'élection présidentielle de dimanche au Cameroun, où Paul Biya, est candidat à un 7e mandat du parti (Rassemblement démocratique du peuple camerounais, RDPC), regroupe face à lui huit opposants dont trois qui se démarquent, Joshua Osih, 49 ans, qui a repris le flambeau de Fru Ndi et a été investi candidat du Social Democratic Front (SDF, principal parti d'opposition), Maurice Kamto, 64 ans, ancien ministre passé dans l'opposition (Mouvement pour la renaissance du Cameroun MRC), et Akere Muna avocat issu du parti (Front populaire pour le développement FPD), 66 ans.
Derrière, viennent cinq autres candidats moins importants, selon les observateurs: Cabral Libii, 38 ans, analyste politique connu pour ses interventions sur les plateaux télévisés, qui "utilise son aisance médiatique et pourrait séduire de nombreux jeunes Camerounais".
Garga Haman Adji, 74 ans, de l'Alliance pour la démocratie et le développement (ADD) et arrivé 3e lors de la dernière présidentielle de 2011, est encore sur la ligne de départ en 2018.
Serge Espoir Matomba, 38 ans, co-benjamin avec Libii de cette élection, candidat du Peuple uni pour la rénovation sociale (Purs), Frankline Ndifor Afanwi, pasteur pentecôtiste peu connu qui a lancé son parti, le Mouvement citoyen national camerounais (MCNC), en mai, ainsi qu'Adamou Dam Njoya, 76 ans, ancien vice-ministre puis ministre sous Amadou Ahidjo, qui se présente à une présidentielle pour la quatrième fois consécutive.
Pendant deux semaines, les neuf candidats à cette élection ont fait la promotion de leur offre politique sur le terrain.
"C'est la première fois dans l'histoire du Cameroun qu'il y a des candidats d'opposition aussi démarqués, qui ont de vraies offres politiques chacune différente", estime Fred Eboko, politologue camerounais à l'Institut de recherche et développement (IRD).
Aucune coalition de l'opposition n'a été formée pour cette élection à un tour, chacun se disant sûr de ses chances d'être élu.
Les candidats de l'opposition, l'Eglise catholique et certains acteurs de la société civile ont annoncé qu'ils déploieraient des observateurs électoraux "pour s'assurer qu'il n'y ait pas de fraude".
Mais, de son côté, la délégation de l'UE au Cameron a indiqué qu'elle ne déploierait "pas de mission d'observation pour la présidentielle", faute d'avoir reçu d'invitation de la part des autorités camerounaises, selon l'Ambassadeur de l'UE au Cameroun, Hans Peter Schadek, soutenant qu'elle n'avait jamais observé des élections auparavant dans ce pays.