Présidentielle en Tunisie : fin de la campagne électorale vendredi, incertitudes sur le vainqueur final

La campagne électorale pour la présidentielle en Tunisie prend fin vendredi après onze jours de concurrence et de compétition entre les 26 candidats en lice qui auraient sillonné le territoire national à la rencontre des électeurs, sur fond de grandes incertitudes quant au nom du futur président de la République, et ce, quand bien même que certains noms sont présentés comme étant des favoris de ce rendez-vous électoral.

A une journée du scrutin présidentiel, prévu dimanche 15 septembre, aucun des Tunisiens y compris parmi les candidats en lice n’est en mesure de prévoir avec exactitude le nom du successeur du défunt Beji Caid Essebsi, ni de prévoir si l’élection aura un deuxième tour.

La programmation de la présidentielle anticipée à la hâte, à peine 90 jours après le décès d’Essebssi et le nombre important de candidats sont, selon des analystes politiques tunisiens, à l’origine de cet état de fait.

Cette situation a fait les Unes de la presse tunisienne dans son édition de vendredi.

Les journalistes ont avancé plusieurs scénarios de "tractations en catimini" entre les pôles politiques tunisiens.

Le journal arabophone au grand tirage Essabah, a évoqué longuement le scénario de retrait de certains partis à la veille du scrutin et l’hypothèse de la recherche de ce qu’il appelle "l’oiseau rare".

L’autre titre arabophone Echourouk, a titré dans sa manchette "Quelle cartographie électorale, la division menace les résultats de scrutin".

Dans le corpus de l’article, le journaliste a fait état de nombreux retraits de partis au profit d’autres, et ce, particulièrement dans le cas d'un deuxième tour du scrutin.

Le journal a publié des extraits de l’appel du président du parti Ennahdha à l’endroit des militants du parti quant à la nécessité de "se mobiliser au profit du candidat du parti", en l’occurrence Abdelefettah Mourou.

Le parti Ennahdha a, rappelle-t-on, a fait l'objet d’une campagne de fake news ces derniers jours sur les réseaux sociaux, affirmant que "les militants du parti vont voter pour d’autres candidats".

Pour sa part, le journal francophone Le Temps a consacré un long papier sur "le suspens" qui s’empare des Tunisiens à deux jours du scrutin, mettant l’accent sur la maturité du peuple Tunisien dont le passé récent est "chargé d’enseignements lesquels s’avèreront déterminants dans son choix".

Cinq noms se distinguent malgré les incertitudes sur le vainqueur final

S’agissant des noms des candidats favoris, la presse tunisienne tout comme la rue retiennent au total cinq noms, à savoir : Youcef Chahed, le candidat du parti Tahya Tounes, Abdelfattah Mourou, candidat du parti Ennahdha, Abdelkrim Zbidi, candidat indépendant, Nabil Karoui, candidat du parti Qalb Tounes et enfin le nom de Abir Moussi candidate du parti desturien libre.

Youcef Chahed, âgé de 43 ans, est ingénieur en agronomie.

Il a occupé le poste du chef du gouvernement de 2016 jusqu'à l’entame de la présente campagne électorale. Auparavant il avait occupé plusieurs hautes fonctions.

Le Candidat du parti Tahya tounes jouit, souligne-t-on d'une bonne assise populaire particulièrement chez les jeunes. Ces derniers se présentaient en masse à ses meetings.

Abdelfettah Mourou, agé de 71 ans. Il est le cofondateur du parti Ennahdha. Ancien magistrat et ex-député.

Abdelfettah Mourou est apprécié particulièrement pour son don oratoire et sa franchise.

Ses meetings drainent aussi beaucoup de monde.

Abdelkrim Zebidi, âgé de 69 ans. Médecin de formation. Il a été plusieurs fois ministres.

Son dernier poste est celui du ministre de la Défense national.

Bien qu’on le présente comme un "politique profane", le candidat indépendant séduit les Tunisiens et sa cote populaire ne cesse de grandir.

Nabil Karoui, âgé de 56 ans. Il est un homme d’affaires et patron du groupe Karoui.

Il se trouve depuis le 23 août en prison. Ce sont les cadres de son parti qui mènent la campagne électorale à sa place.

Il représente aux yeux des Tunisiens "l’homme ouvert" qui oeuvre pour une "Tunisie nouvelle". Les réseaux sociaux le donnent souvent en tête des sondages.

Abir Moussi, âgée de 44 ans. Avocate de profession.

Une militante acharnée de féminisme -Elle est réputée pour ses idées anti-islamistes et sa franchise.

La campagne électorale débutée le 2 septembre aura été émaillée de 1000 infractions de la part des candidats et leurs partisans, a fait savoir Adel Brinssi, membre de la Haute instance de la surveille des élections (ISIE) , sans que ces infractions ne soit, toutefois, graves du fait qu’elles n’avaient pas perturber le processus de la campagne.

Le représentant de l’ISIE a mis en garde les candidats quant à la violation de la journée du silence électoral qui sera observée samedi.

"La violation des candidats pour cette journée peut entrainer tout bonnement l’annulation totale ou partielle des résultats des partis en question".

 

 

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