La militante sahraouie des droits de l'Homme, Aminatou Haidar a reçu le "Prix Right Livelihood 2019", aussi connu comme "Prix Nobel alternatif", mercredi à Stockholm, lors d'une cérémonie officielle à laquelle ont assisté plus de 1200 militants du monde entier.
Au cours de la cérémonie, la militante sahraouie a fait une déclaration dans laquelle elle a appelé au respect du droit international et des droits de l'Homme au Sahara occidental occupé.
"Je voudrais tout d’abord remercier le jury international du prix Right Livelihood pour l’honneur qu’il m’a rendu, c’est une reconnaissance du combat de mon peuple pour la liberté et l’indépendance, mais aussi un hommage à la dignité humaine et aux principes et les valeurs des droits de l'Homme et des peuples", a déclaré l'icône de la résistance pacifique sahraouie.
Et d'ajouter: "Permettez-moi également de féliciter les trois autres lauréats qui partagent ce prix avec moi.
Je tiens à leur dire que leurs luttes sont les nôtres et que nos luttes sont complémentaires et visent une humanité plus juste, davantage de respect des droits de l'Homme, pour la nature et pour la grande patrie qui nous abrite tous, notre mère la Terre".
La militante sahraouie a également souligné dans son discours que son expérience ressemble à "celle de beaucoup de mes compatriotes, pleine d'injustice, de violations des droits de l'Homme, d'humiliation, de disparitions forcées, de torture et de privations, mais aussi de résistance, de sacrifice, de refus de soumission et de détermination à défendre les droits de l'homme et des peuples".
Haidar dénonce les complices de l'occupant marocain
"Les parties directement responsables de ces souffrances sont l’Etat d’occupation marocain, qui refuse toujours de reconnaître nos droits en tant que peuple sahraoui.
Mais d’autres pays européens sont également responsables de nos souffrances, comme l’Espagne, qui a échoué dans ses responsabilités envers son ancienne colonie, la France, qui protège et soutient le Maroc au sein du Conseil de sécurité, et bien sûr l’ONU, qui a échoué à mettre en œuvre ses résolutions concernant notre droit à l'autodétermination et à notre indépendance et est devenu le protecteur du statu quo, soutenant l'occupation d'une manière".
Et, bien sûr, ajoute Mme Haidar, "l'Union européenne porte également une partie de cette responsabilité, en raison de sa persévérance à piller nos ressources naturelles avec la complicité du Maroc, en totale violation de toutes les lois".
Au Sahara occidental, affirme Mme Haidar qui est aussi la présidente de l'Association des défenseurs des droits de l'Homme des Sahraouis (CODESA), "nous voulons un monde de démocratie, de respect des droits de l’Homme, de souveraineté des peuples sur leur richesse et de respect des valeurs et des principes du droit international qui régissent les relations entre les peuples et les nations".
"Ils veulent un monde qui vénère des intérêts au détriment des lois, un monde de violence et de pouvoir au détriment de la paix, un monde de subjugation et d’oppression au détriment de l’amitié entre les peuples et de la coopération constructive pour la coexistence pacifique", a-t-elle dénoncé, soutenant qu'"au Sahara occidental, nous voulons la primauté de la dignité humaine, alors qu’ils veulent mettre cette dignité en esclavage, en oppression et en guerres".
La communauté internationale interpellée
La militante sahraouie a saisi l'occasion pour lancer un appel à la communauté internationale pour faire pression sur l'occupant marocain et l'Organisation des Nations unies pour accélérer le processus de décolonisation de la dernière colonie du continent africain.
Et ils nous poussent à abandonner notre lutte pacifique parce qu'ils ne nous ont laissé aucune issue, et c'est ce que je crains le plus: que le peuple sahraoui se voit contraint de reprendre les armes pour défendre ses droits à cause de l'indifférence de la communauté internationale à ces droit, a-t-elle mis en garde.
Par conséquent, souligne Mme Haidar, "le monde que nous voulons en tant que peuple sahraoui, en tant que défenseur pacifique des droits de l'Homme et des peuples, est un monde dans lequel nous pouvons jouir de notre droit à un avenir décent pour les générations futures. Ce monde est très différent du monde de la tyrannie".
"Par (ils), je signale les ennemis des peuples, les ennemis des droits de l'Homme et les ennemis de la démocratie, où qu'ils se trouvent", a-t-elle expliqué.
"Enfin, je vous adresse un appel pour venir à notre aide. Restez à nos côtés et sauvez beaucoup d'entre nous de l'oppression de l'occupation marocaine.
Sauvez des femmes et des enfants pacifiques et innocents, et je vous invite à vous joindre à la lutte humanitaire visant à libérer des dizaines de prisonniers politiques sahraouis condamnés à des peines lourdes et injustes", a lancé la militante sahraouie.
Outre Aminatou Haidar, la Fondation Right Livelihood a attribué son prix cette année à trois autres activistes : la militante écologiste suédoise, Greta Thunberg, l’avocate chinoise Guo Jianmei et le leader indigène brésilien Davi Kopenawa