Un tribunal de Khartoum doit rendre samedi son verdict à l'encontre de l'ex-président soudanais Omar al-Bachir, accusé de corruption, quelques mois après sa destitution par l'armée sous la pression de la rue.
Ce "tribunal spécial" doit rendre une première décision de justice visant l'ancien président du Soudan, évincé du pouvoir le 11 avril après 30 ans au pouvoir. Dans cette affaire, qui concerne des fonds perçus de l'Arabie saoudite, M. al-Bachir encourt jusqu'à 10 ans de prison, a-t-on indiqué.
Depuis le mois d'août, il assisté à plusieurs audiences dans ce procès. L'ex-officier est détenu depuis avril à la prison de Kober à Khartoum. Samedi matin, un important dispositif de sécurité était visible dans les rues de Khartoum. "Nous empêcherons toute violence", a prévenu l'armée dans un communiqué.
Parallèlement, les autorités de transition ont annoncé samedi matin la dissolution des organisations professionnelles mises en place sous M. al-Bachir, conformément aux revendications du mouvement qui a obtenu en avril la chute de l'ex-président Le Soudan est aujourd'hui dirigé par un gouvernement de transition avec un Premier ministre civil et un Conseil souverain composé de militaires et de civils.
"C'est un procès politique", a répété à la presse Mohamed al-Hassan, l'avocat de M. al-Bachir, qui a notamment assuré que l'argent n'a pas été utilisé à des fins personnelles mais sous forme de "dons". Selon un témoin au procès, l'ex-président soudanais aurait ainsi donné quelque cinq millions d'euros au redouté groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide (RSF).
Si l'ex-président a reconnu avoir perçu un total de 90 millions de dollars (81 millions de d'euros) de la part de dirigeants saoudiens, le procès ne concerne que 25 millions de dollars (22,5 millions d'euros) reçus, peu avant sa chute, du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Les autorités ont saisi à son domicile 6,9 millions d'euros, 351.770 dollars et 5,7 millions de livres soudanaises. Selon le procureur général, M. al-Bachir est aussi mis en cause pour des "meurtres" commis lors des manifestations ayant conduit à son éviction.
A ce jour, il n'a pas eu à répondre de ces accusations.