Le président de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC), Tarek Kour a annoncé, lundi à Alger, un projet de création du réseau national pour l'intégrité chargé de la sensibilisation aux risques de la corruption dans la société et le signalement de toute infraction ou dépassement.
Dans une allocution prononcée à l'occasion de l'ouverture d'un séminaire national sur le rôle de la société civile dans la lutte contre la corruption au Centre international des conférences (CIC) Abdellatif Rahal, Kour a fait savoir que "le réseau national pour l'intégrité est un forum sous forme d'organigramme placé sous la tutelle de l'ONPLC et composé d'associations activant dans les domaines de la prévention et de la lute contre la corruption, de la bonne gouvernance et des questions y afférentes".
"Ces associations seront structurées et encadrées à travers une plateforme numérique placée auprès de l'ONPLC et dont l'adhésion sera effectuée conformément à un cahier de charge étudié.
Ces associations ont deux missions essentielles, à savoir la promotion et le soutien du programme de sensibilisation contre les risques de la corruption et le signalement des violations et des dépassements ayant trait à la corruption quelle que soit leur forme et ce à travers un plan de signalement", a-t-il expliqué.
Et d'ajouter :"ces signalements seront traités par l'ONPLC dans le cadre d'une application spécifique aux dénonciateurs devant garantir la protection et la confidentialité, chapeautée par une cellule permanente chargée de l'écoute, le traitement et l'orientation".
Le même responsable a annoncé, dans ce sens, le lancement de la première session de formation au profit des formateurs qui devra bénéficié aux associations et ce dans le cadre d'une programme national de sensibilisation contre les risques de la corruption au niveau de l’Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP), supervisé par l'ONPLC, ajoutant qu'un premier groupe bénéficiera, demain mardi, d'une série de sessions de formation notamment la formation de base, spécialisée et des formateurs, outre dans le domaine du signalement de la corruption et les modalités de traitement et de coordination avec les différentes institutions chargées de la prévention et de la lutte contre la corruption.
Cette initiative s’inscrit dans le cadre des principaux axes de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption dont l’avant-projet a été soumis au président de la République, a-t-il fait savoir.
Ledit document a été élaboré au terme d’une série de rencontres organisées depuis mai 2019 avec plus de 300 personnalités et instances à l’échelle nationale, outre des départements ministériels, organes consultatifs et de contrôle, des syndicats, des représentants de patronats et des privés toutes spécialités confondues, la communauté universitaire et différentes associations activant dans des domaines en relation avec la corruption, la bonne gouvernance et les droits de l’Homme, a-t-il ajouté.
La concertation internationale a été ouverte en collaboration avec le Programme des nations unies pour le développement (PNUD) et en association avec des experts internationaux de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), l’Organisation de la coopération et du développement économique (OCDE), le réseau arabe de transparence et certaines organes de lutte contre la corruption, leaders dans le monde», en sus de l’ouverture de la concertation électronique élargie à tous les citoyens pour recueillir leurs avis et propositions, a rappelé Kour.
Cette stratégie est susceptible, selon lui, de constituer «un outil de gouvernance et une feuille de route auprès des autorités publiques qui permet d’évaluer la performance des départements ministériels, des institutions publiques, et instances nationales et leur respect des principes fondamentaux de bonne gouvernance, en sus de l’ancrage de la démocratie participative et le renforcement du système national de transparence».
A cet effet, Kour a souligné que «la corruption a entaché des domaines vitaux dans le pays», menant «à une certaine instabilité laquelle a compromis la confiance entre le citoyen et ses institutions, ce dernier refusant désormais d’adhérer à la vie politique et aux projets de réformes socio-économiques ».
Il a estimé, dans ce sens, que la date du 12 décembre 2019 constitue «une date charnière, voire un tournant décisif dans la lutte contre la corruption», rappelant que le président de la République a honoré son engagement au titre de son programme politique d’éradiquer la corruption, à travers la satisfaction des revendications du Hirak populaire et en plaçant la lutte contre la corruption et l’humanisation de la vie publique parmi ses priorités».
Le même intervenant a précisé que le projet de révision constitutionnelle, plus précisément dans son préambule, "exprime clairement l'attachement de l'Algérie à la prévention et à la répression de la corruption conformément aux traités qu'elle a ratifiés", et a renforcé dans son Titre IV la place de l'ONPLC qui aura l'appellation de la Haute autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption placée parmi les instances de contrôle après avoir été parmi celles consultatives".
La Constitution a conféré à cette Haute autorité la mission de contribuer au renforcement des capacités de la société civile et des autres acteurs engagés dans la lutte contre la corruption, a-t-il poursuivi.
Pour sa part, la représentante permanente du PNUD en Algérie, Blerta Aliko, s'est félicitée de "la priorité" accordée par les autorités algériennes à la moralisation de la vie politique et à la consécration de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance, affirmant la disposition du PNUD à accompagner les efforts du Gouvernement en cette matière.
Elle a également mis en avant "le rôle pivot" qu'accomplit la société civile dans la lutte contre la corruption, le contrôle de la gestion des affaires publiques et le renforcement de la transparence.
Organisé sous le thème "société civile, un partenaire principal dans la lutte contre la corruption", ce séminaire a été ponctué par la participation de représentants du mouvement associatif, organisations professionnelles, enseignants chercheurs et journalistes, et en présence du conseiller auprès du président de la République chargé de la société civile et de la communauté nationale à l’étranger, Nazih Berramdane et du conseiller du Président de la République chargé des associations religieuses, Aissa Belakhdar.