La militante et activiste sahraouie, Aminatou Haidar, a indiqué que les jeunes sahraouis ne voient plus d'autres alternatives à la lutte armée, mettant en garde contre le désespoir et la lassitude des Sahraouis du statu quo, rapporte mardi le quotidien suisse Le temps.
Surnommée la "Gandhi sahraouie" pour son inlassable lutte non-violente, Aminatou Haidar se désole de "ne plus avoir les mots pour dissuader les jeunes de prendre les armes.
"Ils ne voient pas d’autre issue que la guerre", a-t-elle révélé dans un entretien téléphonique depuis Laâyoune, capitale du Sahara occidental occupée.
Evoquant l'agression marocaine du 13 novembre dernier, quand l’armée d'occupation a lancé une offensive dans la zone tampon d'El-Guerguerat, au sud-ouest du Sahara occidental, contre des manifestants sahraouis pacifiques qui bloquaient cette brèche illégale, Aminatou Haidar a mis en garde contre " le désespoir des Sahraouis qui voient l’indépendance s’éloigner".
"Les Sahraouis désespèrent d’obtenir leur indépendance du Maroc, qui contrôle les trois quarts du Sahara occidental.
Ces deux dernières années, une dizaine de pays ont ouvert des consulats dans le territoire contesté, reconnaissant ainsi la souveraineté du Maroc", regrette, Mme Haidar d'une voix lasse.
Bien que, le Polisario ait dénoncé une violation de l’accord de cessez-le-feu conclu en 1991 après que les forces de l'occupation marocaine aient investi le ,13 novembre dernier la zone tampon de Guerguerat entre le Sahara occidental et la Mauritanie, Aminatou Haidar témoigne que le Maroc a renforcé sa présence militaire et policière" et chassé des manifestants sahraouis qui bloquaient le passage illégal permettant au Maroc d’accéder aux pays d’Afrique de l’Ouest.
Le Maroc vise à prolonger jusqu’à la frontière mauritanienne le mur de sable long de 2.700 kilomètres qu’il a construit dans les années 1980.
En 1991, le Maroc et le Front Polisario parviennent à un accord de cessez-le-feu et une force de l’ONU est établie, avec mission d’organiser un référendum d’autodétermination (Minurso), rappelle Mme Haidar, presque trente ans plus tard, le référendum n’a toujours pas eu lieu.
Sa tenue bute sur la question cruciale des électeurs qui pourraient y participer, étant donné que de nombreux Marocains se sont depuis installés au Sahara occidental.
"C’est une question de volonté politique, objecte Aminatou Haidar. Le Conseil de sécurité de l’ONU est paralysé par la France qui soutient le Maroc", conclut-elle.
Enfin, le quotidien suisse est revenu sur le parcours de la militante sahraouie, rappelant qu'en 1987, Aminatou Haidar avait 20 ans quand elle a été emprisonnée dans le plus grand secret par le Maroc avec des dizaines d’autres militants sahraouis.