Le Royaume du Maroc a essuyé deux cinglants revers, dans le dossier sahraoui à travers le classement sans suite, par la justice espagnole, de plaintes portées contre le président sahraoui et le démenti apporté par l'armée américaine au sujet de sa participation à des manœuvres dans les territoires occupés.
La Haute Cour d'Espagne a affirmé mardi qu'il n'y avait pas lieu de prononcer la détention provisoire, ni tout autre type de mesures préventives contre le président sahraoui, Brahim Ghali qui a fait l'objet d'une plainte au sujet d'un supposé crime de guerre et qui était hospitalisé en Espagne depuis le 18 avril dernier après avoir contracté la Covid-19.
La justice espagnol a considéré que le dossier d'accusation ne contenait pas de preuves à même de corroborer les propos des plaignants. La plainte avait été créée de toutes pièces, par les services marocains, assure les autorités sahraouies, afin de porter atteinte à la lutte du peuple du Sahara occidental.
"La volonté de l'occupant marocain d'exterminer le peuple sahraoui (...), la confiscation de ses droits et l'annexion de sa terre sont les motivations à l'origine des récentes actions incontrôlées du Makhzen alaouite qui pense pouvoir faire passer sa propagande mensongère", indique un communiqué de la Présidence de la République arabe sahraoui démocratique (RASD), rendu public le jour même.
La présidence sahraouie signale, en outre, que le président Brahim Ghali, "n'ayant rien à dissimuler" avait accepté de répondre volontairement aux questions du juge espagnol.
"Il n'y a pas de doute que cette démarche historique marquée du sceau de la noblesse, de la fierté et de l'éthique mettra à nu les contre-vérités, la falsification et la malhonnêteté des services de l'occupant qui sont derrière ces accusations", explique le communiqué de la Présidence sahraouie.
"La décision de coopérer avec la justice espagnole émane aussi de la conviction du Front Polisario et du gouvernement de la RASD de la nécessité pour le peuple sahraoui de triompher face à la propagande de l'occupant qui souhaite "montrer le bourreau dans les traits de la victime", poursuit le communiqué.
Le deuxième coup dur encaissé par le Maroc est venu du Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom). Celui-ci a démenti les propos du chef du gouvernement marocain Saad-Eddine El Othmani qui a indiqué que les exercices militaires américano-marocains "African Lion 2021", prévus du 7 au 18 juin courant, auront lieu en partie dans le désert du Sahara occidental occupé.
Le porte-parole de l'Africom, le colonel Christopher Karns, a déclaré que les exercices se dérouleront "à travers le Maroc, de la base aérienne de Kenitra, au Nord, à Tan-Tan et au complexe d'entrainement de Guerir Labouhi au sud", soit dans les frontières internationalement reconnues du royaume, excluant les territoires sahraouis occupés.
De son côté, une porte-parole du Commandement central de l'Africom, Bardha Azari, a affirmé mardi à l'agence de presse espagnole (EFE) que les exercices s'étendent "de la base aérienne de Kénitra, au Nord, aux zones d'entrainement de Tan-Tan et Guerir Labouhi au Sud".
"Il n'y aura pas de manœuvres conjointes au Sahara occidental dans le cadre des manœuvres 'African Lion 2021' auxquelles des forces américaines participeront", a déclaré, pour sa part, le chef de la diplomatie sahraouie, Mohamed Salem Ould Salek.
"Elles vont se dérouler au sud du territoire marocain et à l'intérieur des frontières internationalement reconnues du Maroc", a-t-il assuré.
Dans un tweet, le chef du gouvernement marocain avait soutenu que les manœuvres militaires internationales allaient se dérouler en partie dans les territoires sahraouis occupés "consacrant", selon lui " la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental" occupé. Un tweet qui a été supprimé dans la journée de mardi.
L'édition 2021 des manœuvres conjointes de l'Africom réunira 7.000 soldats de neuf pays du 7 au 18 juin prochain, indique le site du commandement américain.
La décision de la justice espagnole est une victoire
La militante sahraouie des droits de l'Homme, Aminatou Haidar, s'est félicitée mardi de la décision de la Haute Cour d'Espagne qui a rejeté une demande de mise en détention provisoire du président sahraoui, Brahim Ghali, qualifiant cette décision de victoire pour la justice et pour les droits du peuple sahraoui.
"Votre victoire, Monsieur le Président, est avant tout une victoire pour la justice et une victoire pour les droits de tout le peuple sahraoui", a écrit la militante sahraouie sur sa page Twitter, louant le courage et la bravoure habituels du peuple sahraoui, qui "a pu vaincre le régime marocain envahisseur, déjouer ses plans et exposer au grand jour les traîtres et les agents" du Maroc.
Mardi, la Haute Cour d'Espagne a affirmé qu'il n'y avait pas lieu de prononcer la détention provisoire, ni tout autre type de mesures préventives contre le président sahraoui Brahim Ghali, qui est désormais libre de ses mouvements, précisant que les plaignants n'ont fourni aucune preuve démontrant sa responsabilité dans les crimes présumés objet de la plainte examinée.
"Vu les dispositions citées et d'autres d'application générale, il n'y a pas lieu de prononcer la détention provisoire, ni tout autre type de mesures préventives contre Monsieur Brahim Ghali", conclut la Cour dans un document consultée par l'APS.
Il s'agit d'un camouflet pour le Maroc qui a mobilisé son appareil diplomatique et ses médias pour discréditer le président sahraoui, déclenchant, par ailleurs, une crise diplomatique majeure avec l'Espagne qui a accueilli le leader pour l'indépendance du Sahara occidental pour des soins.
Motivant sa décision, la Haute Cour explique que le rapport des accusations ne contenait pas des preuves corroborant les propos des témoins et donc ne constituent (les accusations) pas une preuve suffisante pour tenir M. Ghali responsable d'un quelconque délit.
Le président sahraoui a décidé, mardi, de coopérer avec la justice espagnole en répondant volontairement aux questions d'un juge après des plaintes portées contre lui sur instigation des autorités d'occupation marocaine.
Brahim Ghali a quitté mercredi l'Espagne afin de poursuivre ses soins complémentaires en Algérie, après son admission dans un hôpital espagnol, son staff médical ayant estimé que son hospitalisation n'étant plus nécessaire, a indiqué l'ambassadeur sahraoui à Alger, Abdelkader Taleb Omar, jugeant que son état de santé était "en constante amélioration". Le président sahraoui avait été admis, le 18 avril dernier, à l'hôpital San Pedro de Logrono, en Espagne, après avoir contracté le Covid-19.