Les procès des journalistes marocains Omar Radi et Soulaimane Raissouni, en détention préventive depuis plusieurs mois et jugés séparément dans deux affaires distinctes, ont été reportés, mardi, au 22 juin en raison de la dégradation de leur santé, selon des médias locaux.
Prévue dans la mi-journée, l’audience de Soulaiman Raïssouni n’a pu commencer qu’en milieu d’après-midi. Durant les heures d’attente, ses proches ont exprimé leurs inquiétudes sur les versions contradictoires au sujet de son état de santé et de sa capacité à faire acte de présence au tribunal.
A la suite d’une visite des avocats de la défense en prison, le 9 juin dernier, son comité de soutien a alerté que le journaliste risquait une insuffisance rénale, voire des complications pouvant causer un arrêt cardiaque.
A son 69e jour de grève de la faim, il aurait "refusé" de faire acte de présence, selon le procureur.
La défense de l'ancien rédacteur en chef d'Akhbar Al Yaoum a soutenu que le concerné avait fait parvenir "une lettre manuscrite" soulignant son incapacité de parler, de se concentrer ou d'assister au tribunal, ce que les avocats ont considéré différent du refus.
Le parquet a ensuite contesté cette assertion en présentant des documents pénitentiaires, dont un certificat médical affirmant le contraire.
Dans ce sens, une expertise médicale indépendante a été requise. Après ce report, ses soutiens ont rapporté qu'une demande de liberté provisoire, la douzième du genre, avait été rejetée.
"Comment peut-on dire qu'un homme en grève de la faim depuis presque 70 jours est toujours capable de marcher et de parler?", s'est exclamée pendant l'audience l'avocate Souad Brahma.
Prévu le même jour, le procès d'Omar Radi a été consacrée aux réponses du parquet à la suite des requêtes et des interventions de la défense, ainsi qu’aux réponses sur les vices de procédure.
Le report des audiences des deux journalistes intervient au moment où les réactions appelant à leur libération se font de plus en plus pressants au niveau national et international.
Mardi, le Syndicat interprofessionnel des travailleuses et travailleurs de la presse, des médias, de la culture et du spectacle en France a exprimé son soutien aux deux journalistes, réclamant "leur libération immédiate et sans condition, ainsi que l’abandon des poursuites".
Pour sa part, la Fédération internationale des journalistes (FIJ) a indiqué avoir adressé une lettre au roi du Maroc, pour "la libération immédiate du journaliste Soulaimane Raïssouni, dont l’état de santé extrêmement préoccupant nécessite des soins immédiats".
Lundi, Reporters sans frontières (RSF) a annoncé avoir saisi Irene Khan, rapporteuse spéciale sur le droit à la liberté d’opinion et d’expression pour les Nations unies depuis août 2020, ancienne secrétaire générale d’Amnesty international entre 2001 et 2010, au sujet des deux journalistes.
L'organisation avait indiqué avoir clairement signifié dans la correspondance adressée au rapporteur que "la vie du journaliste Souleiman Raissouni est en grave danger", lui demandant "de faire tout son possible pour obtenir leur libération".