Le représentant du Front Polisario à l'ONU, Sidi Mohamed Omar, a estimé que le Maroc a accepté la nomination de Staffan de Mistura comme nouvel émissaire pour le Sahara occidental sous la pression de membres influents du Conseil de sécurité.
Après l'avoir refusée en mai dernier, alors que le Front Polisario l'avait acceptée, l'occupation marocaine a finalement donné son aval à la nomination de Staffan de Mistura sous la pression de puissances influentes au sein du Conseil de sécurité, qui ne tolèrent plus l'obstruction marocaine continue aux efforts du secrétaire général (de l'ONU) pour la relance du processus de paix au Sahara occidental, a précisé Sidi Mohamed Omar dans une déclaration citée par l'agence de presse sahraouie (SPS).
En évoquant un retour au processus de paix, le Maroc "se leurre", a affirmé le diplomate sahraoui, rappelant que les Sahraouis ont annoncé "la rupture totale avec un processus de paix que le Conseil de sécurité lui-même n'a pas pu mettre en úuvre pendant près de 30 ans", et ce, suite à l'agression menée par les forces d'occupation marocaines, le 13 novembre 2020, contre des civils sahraouis dans la brèche illégale d'El-Guerguerat.
"Cette grave violation de l'accord de cessez-le-feu et des accords militaires pertinents et l'acte d'agression perpétré par les forces d'occupation marocaines dans les territoires libérés de la République sahraouie persistent encore devant le mutisme de l'ONU", a-t-il fait observer.
Sidi Omar a réitéré l'affirmation du Front Polisario que l'unique voie pour parvenir à une solution pacifique, juste et permanente pour mettre fin à la décolonisation du Sahara Occidental consistait à permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination, conformément aux principes de la Légalité internationale et aux résolutions de l'ONU et de l'Union africaine (UA) y afférentes.
Il a appelé le Conseil de sécurité à mettre fin à son inertie, à l'origine d'ailleurs du non respect par la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) de son mandat et de l'effondrement du processus de paix au Sahara occidental.
Le Maroc a accepté, sous la pression des Etats Unis, la désignation de l'italo-Suédois Staffan de Mistura comme nouvel émissaire des Nations Unies pour le Sahara occidental, après avoir rejeté cette proposition durant des mois, mettant le processus de paix dans l'impasse, indiquent à l'APS des sources diplomatiques à New York.
Mais "Qu'est ce qui a été donné en contrepartie de cette acceptation?", s'interroge une des sources contactée par l'APS.
Rabat pourrait troquer cette acceptation par le maintien de la reconnaissance américaine sur sa prétendue souveraineté au Sahara Occidental occupé, ou par sa présence illégale dans la zone tampon d'El Guergarat, à l'extrême sud-ouest du ce territoire non autonome, sous surveillance de l'ONU.
Après l'aval donné par Rabat, le chef de l'ONU Antonio Guterres devrait soumettre cette candidature aux membres du Conseil de sécurité pour approbation, avant de l'annoncer de façon officielle les prochains jours.
Il y a lieu de souligner que le futur émissaire proposé par Guterres pour relancer le processus de paix au Sahara Occidental, à l'arrêt depuis 2019, a été nommé en 2014 envoyé spécial sur la crise en Syrie.
De Mistura a eu à assumer le rôle de facilitateur pour les pourparlers de paix en Syrie, une fonction précédemment occupée par l'Algérien Lakhdar Brahimi, qui a démissionné en mai et avant lui par Kofi Annan.
Possédant deux nationalités, italienne et suédoise, le diplomate, 74 ans, cumule quatre décennies d'expérience à l'ONU, dans les zones touchées par le conflit aussi bien que dans les agences humanitaires.
L'ancien médiateur a déjà offert ses bons offices en Irak et en Afghanistan où il a servi en tant que chef des missions de l'ONU dans ces deux pays. APS