L'historien et défenseur des droits humains marocain Maâti Monjib, poursuivi devant la justice, a annoncé mercredi qu'il entamait une grève de la faim pour protester contre une décision des autorités de l'empêcher de quitter le Maroc, rapportent des médias.
Dans une publication sur sa page Facebook, M. Monjib se dit "obligé" de recourir "de nouveau" à un tel geste de protestation. "Ils m'ont interdit de quitter le territoire pour voir ma famille installée en France et me soigner d'une maladie cardiaque", explique l'intellectuel sexagénaire.
"L'interdiction ne vise qu'à me mettre sous pression, m'humilier", poursuit-il, précisant que ses comptes bancaires ont également été gelés "illégalement". Il n'a pas été possible d'obtenir un commentaire des autorités dans l'immédiat. L'historien avait déjà observé une grève de la faim de 24 jours en 2015 pour le même motif. L'interdiction de sortie du territoire avait été levée à la suite d'une campagne de solidarité nationale et internationale. Maâti Monjib, qui est en liberté provisoire, est poursuivi pour "fraude" et "atteinte à la sécurité de l'Etat", un cas qui mobilise des ONG au Maroc et au-delà. Il a été condamné fin janvier à un an de prison ferme au terme d'un procès en première instance ouvert en 2015. Une nouvelle audience en appel est prévue le 2 décembre.
Le défenseur des droits humains est accusé de malversations dans la gestion d'un centre qu'il avait créé pour promouvoir notamment le journalisme d'investigation. Des faits qu'il conteste tandis que les donateurs ayant financé ses activités ne se sont jamais plaints d'irrégularités. "J'aimerais prouver devant les juges l'inconsistance des accusations aussi fallacieuses que ridicules", explique-t-il sur Facebook.
Parallèlement, l'historien est sous le coup d'une enquête pour "blanchiment de capitaux", ce qui lui a valu trois mois de détention préventive avant que la liberté provisoire ne lui soit accordée fin mars, au terme de 19 jours de grève de la faim. Son comité de soutien estime que les poursuites engagées contre lui sont "dénuées de fondement et portent gravement atteinte au droit à la liberté d'expression".