Les intervenants du secteur de la monétique en Algérie tablent sur la mise en circulation de 6 millions de cartes de paiement électronique supplémentaires, permettant d’atteindre l’objectif de doter 50% de la population adulte d’une carte bancaire d’ici 2024, a indiqué lundi à Alger l’administrateur du Groupement d’intérêt économique monétique (GIE Monétique), Madjid Messaoudene.
Précisant qu’actuellement 10 millions de cartes bancaires (CIB ou Dahabia) sont en circulation, M. Messaoudene a précisé que l’objectif est d’atteindre 16 millions de cartes d’ici 2024, permettant de doter la moitié de la population algérienne adulte d’une carte bancaire.
Il s’exprimait lors d’une conférence sur la stratégie monétique en Algérie, organisée en marge du 2ème Salon du Digital, Technologie et IOT (Digitech) qui se tient du 16 au 18 octobre courant au Centre international des Conférence (CIC) d’Alger.
M. Messaoudene a aussi souligné que la stratégie nationale, dans ce domaine, repose également sur la poursuite de la généralisation des terminaux de paiement électronique (TPE), précisant que plus de 39.000 TPE sont aujourd'hui opérationnels à travers le territoire national.
Le développement du paiement par internet est également inscrit comme un axe important dans cette stratégie, a ajouté M. Messaoudene, rappelant que la mise en place d’un portail web permettant de drainer les web marchands et faciliter leur intégration dans ce processus a considérablement accéléré cette opération.
Le paiement par internet sera également boosté par la mise en place de l’interopérabilité entre les cartes CIB (banques) et Dahabia (Algérie Poste), a noté le responsable, expliquant que cette opération permettra aux clients disposants une carte Dahabia de payer des services auprès des web marchands, dont la plupart d’entre eux sont domiciliés aux niveaux des banques.
Rappelant qu’Algérie poste détient la majorité des cartes bancaire en circulation, M. Messaoudene estime cette jonction entre les deux réseaux, entrée dans "sa phase finale" pour se concrétiser dans "les semaines à venir", permettra de dynamiser le paiement par internet en Algérie.
Pour sa part, le représentant de la Société d'automatisation des transactions interbancaires et de monétique (Satim), Mohamed Nabil Dehri, a indiqué dans son intervention sur "l’émission instantanée E-Paiment", que ce mode de paiement qui a commencé timidement en Algérie en novembre 2016 avec 10 web marchands, notamment les grandes sociétés (Air Algérie, Sonelgaz, Seaal), s’est développé davantage dernièrement.
L’arrivée du cadre réglementaire (loi sur le E-commerce) en 2018, puis le portail digital du E-paiement début 2021, permettant aux opérateurs et aux commerçants d’intégrer ce mode de paiement, a fait passer le nombre des web marchands de 30 en 2018 à 120 actuellement, tandis que 200 web marchands sont en cours de certification, a-t-il précisé.
Dans ce sens, il a souligné que l’objectif est d’atteindre au moins 500 web marchands d’ici la fin de l’année en cours et plus de 1.000 web marchands à partir de 2022, ajoutant que la mise en place prochaine de l’interopérabilité entre les cartes CIB et Dahabia sera d’un grand apport sur le développement du paiement électronique, web et mobile en Algérie.
Par ailleurs, dans son intervention sur "la digitalisation bancaire et expérience client", le chef de département marketing et communication de Gulf Bank Algeria (AGB), Amine Kermezli, a souligné la mutation du consommateur algérien vers le digital ces dernières années, ce qui a imposé aux banques de suivre cette transformation.
La Covid-19 a boosté le secteur
A ce titre, il a rappelé que le secteur de la monétique en Algérie comptait actuellement 3.052 distributeurs automatiques de billets (DAB), 10 millions de cartes (CIB et Dahabia), 39.104 TPE et 120 web marchands.
Cette mutation "s’est accélérée", selon lui, depuis la propagation de la pandémie du Covid-19 en Algérie qui a permis de trouver des solutions digitales pour servir le client à distance et la dématérialisation de certains processus au niveau des banques.
Un avis partagé par le représentant de la startup Beyn, spécialisée dans la Fintech, Reda Benbouzid, qui a estimé qu’actuellement la transformation digitale est au centre de tous les cœurs des métiers (banques, commerce, transport), tandis que l’écosystème digital est en pleine expansion en Algérie, notamment avec la volonté affichée par les pouvoirs publics d’aller vers une économie numérique.
Il a également souligné que le payement dématérialisé "commence à rentrer dans les mœurs de l’algérien", renforcé par l’épisode de la pandémie du Covid-19 qui a incité davantage les clients à opter pour ce type de transaction, notamment après l’instauration des mesures du confinement et la distanciation sociale.
A cet effet, le développement des solutions digitales et numériques pour mieux répondre aux besoins des clients s'avère "une nécessité absolue" selon M. Benbouzid, précisant que le rôle des startups dans cet écosystème est de proposer "des idées brillantes destinées à devenir des opportunités concrètes" au service des clients, des opérateurs et de l’économe nationale.
APS