Lotfi Benbahmed : « Il n’y a pas que la molécule RHB mais une centaine sont vendues chez des herboristes »

Lotfi Benbahmed, présdident de l’Ordre des pharmaciens, a plaidé lundi pour un maximum d’organisation et une formation de qualité dans le secteur de la pharmacie qu’encadre son Ordre aidé en cela par l’Agence du médicament, récemment installée, pour endiguer le phénomène de la contrefaçon et la vente frauduleuse de molécules médicamenteuses non autorisées.   

Il n’y a pas que cette molécule RHM (Rahmet Rabbi, ndlr), martèlera M. Bahmed et affirmant qu’il y en a une centaine de vendues depuis un temps à travers ces boutiques d’herboristes aidés en cela par une dense publicité sur des médias.

Informé sur cette dérive des pharmaciens agréés qui les vendent sans autorisation préalable de commercialisation, le président de l’Ordre des pharmaciens s’en défendra non sans argument disant : « en effet, devenu une activité lucrative puisque échappant au contrôle, largement médiatisés et très chers, donc trés demandés, ces compléments sont réellement vendus dans certaines pharmacies mais qui ont abandonné la vente après une large et intense sensibilisation en la matière. Il indique que « cette pratique est une vente frauduleuse passible de peine, les récidivistes rendront compte de leurs actes devant la justice ». "Mais qu'en est-il de ceux qui les vendent avec des registres de commerce", s'est interrogé le docteur Bahmed. 

Sur le plan organisation du secteur, l’invité indique que son Ordre a travaillé, de concert avec les concernés sur la loi de la santé où il est proposé des solutions, notamment sur les volets « importation frauduleuse des médicaments » et « la contrefaçon ».

La nécessaire synergie

Selon M. Bahmed, « l’important c’est de mettre une corrélation réelle entre la santé, le ministère du travail, la formation et l’industrie avec une efficace synergie entre ces intervenants dans la chaine du médicament ». « Nous plaidons pour un véritable  plan de développement national pour le médicament et la pharmacie », a-t-il recommandé ajoutant que ce plan permettra de « potentialiser tout les moyens nécessaires à cet effet ».

Et pour atteindre cet objectif, l’orateur insiste sur « la mise en place des mécanismes  d’organisation ». La première mission de l’Ordre, dit-il, est d’encadrer l’exercice pharmaceutique et lutter contre la pratique illégal de la pharmacie comme les herboristeries. Ces derniers, rappelle-t-il, sont  installées en Algérie depuis quelques années par des chaines internationales et qui lancent par les médias – des télévisions interposées complices - de véritables campagnes de désinformations pour vendre de la fumisterie et des produits contrefaits (tels ce qu’on appelle compléments alimentaires ou  des produits à base de phytothérapie…) mélangés à des principes actifs et constituant des dangers pour la santé publique.

M. Bahmed dit avoir alerté les pouvoirs publics (ministères de la Santé et du Commerce) en ce sens afin  d’informer des failles permettant aux herboristes de balancer à la commercialisation autorisée de produits phytopharmaceutiques et des compléments alors qu’ils ne le sont pas réellement d’autant que l’on ne trouve aucune traçabilité, aucune formation et aucun contrôle. Allusion faite aux compléments alimentaires et autres herbes médicinales vendus ouvertement, de manière laxiste, même dans des supérettes.    

L’invité de la Chaine 3 s’est montré voyeur en précisant que l’intervention de l’Ordre des pharmaciens n’est pas temporelle ou occasionnelle. « La réaction de l’Ordre des pharmaciens est bien antérieure au scandale du fameux prétendu médicament RHB. Une campagne est lancée deux ans et demie plus tôt pour dénoncer ces herboristes à travers les 48 wilayas où 250 élus à l’Ordre des pharmaciens sont toujours mobilisés pour signaler toutes les dérives constatées.

Il déplore le fait qu’aucun écho escompté n’a été manifesté en temps réel, mis à part la fermeture de quelques boutiques dans certaines wilayas qui se sont rouverts par la grâce d’agissement d’un lobby qui, à la surprise générale « nous a fait voir le miracle de la molécule RHB ».

L’"Agence du médicament", un sérieux bouclier

Mais la lutte continue de l’Ordre des pharmaciens n’était pas vaine et elle a apporté ses fruits puisqu’à ces yeux, la mise en place de l’ « Agence du médicament », en 2017, sera un sérieux bouclier qui veille à l’avant garde de la lutte contre les produits contrefaits et les charlatans qui les commercialisent en mettant plus de moyens et davantage de régulation.  

« Il y aura des commissions pour la formation, pour la publicité, pour le réglementaire chapeauté par cette Agence qui devra asseoir une stabilité des dirigeants et plus de régulation », a-t-il précisé.

De son avis, l’Agence est une revendication partagée avec les concernés et elle constitue un rempare sérieux et efficace dans l’assainissement du secteur en enrichissant la règlementation

La formation reste la meilleure arme de lutte contre la contrefaçon

Il faut réellement se retourner sur la bonne formation des étudiants. L’invité préconise une formation de qualité puisque celle-ci est quasiment absente dans les 11 facultés de pharmacie.

Il signalera que les étudiants ne jouissent pas des moyens pédagogiques et pratiques que requiert la spécialité comparativement aux deux homologues en Tunisie et au Maroc où les étudiants en pharmacie disposent d’une formation pratique et qualifiante.

Concernant l’importation frauduleuse de certains médicaments, M. Benbahmed souligne que la complémentarité maghrébine est une veille-conseil où les pays membres de l’Ordre maghrébin des pharmaciens (OMP) signale tout passage frauduleux de tel ou tel médicament.

Une récente réunion de l’OMP a mis les jalons d’une étroite coopération régionale en la matière.

Interrogé sur le comment réduire une facture de 3 milliards de dollars, l’invité de la rédaction de la Chaine 3, a déguerpi de commenter, regrettant au passage  qu’ «on focalise sur les montants des factures mais l’on évite d’expliquer le montage de ces factures ». Il imputera cette évolution de 5% par rapport à l’an dernier au coût de la prise en charge du cancer en Algérie, notamment par la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH).

 « Une évolution sensible  mais elle est due essentiellement à la prise en charge du cancer notamment par la PCH. Aussi il y a augmentation en valeur de la production nationale qui est de 55% de l’importation et 45% de production nationale qui passe aux ratios 50/50 », a notifié Lotfi Ben Bahmed.

 

   

 

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