Le rôle des puissances occidentales dans le règlement du conflit du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975, a été décrié ce vendredi à Paris lors d’une journée d’étude internationale sur la protection des droits de l’Homme dans ce territoire, dernière colonie en Afrique.
Lors de cette rencontre, organisée par l’Université de la Sorbonne de Paris en son siège, le professeur Yahia Zoubir, spécialiste du Maghreb et de la question du Sahara occidental, a expliqué qu’en examinant le dossier, à travers toutes les résolutions des Nation unies, tout laisse à indiquer que c’est une question, du point de vue juridique, simple puis qu’il s’agit de la décolonisation d’un territoire non autonome, donc éligible à l’autodétermination.
Mais, a-t-il souligné, l’Onu a échoué dans le règlement de ce conflit où l’on assiste à un blocage du droit international du fait des positions des puissances occidentales, notamment la France, qui ont donné, selon lui, le feu vert au Maroc pour occuper le Sahara occidental.
«Le Maroc a eu l’aval de la France pour occuper le Sahara occidental et j’ai la preuve que les Etats-Unis et l’Espagne ont également donné le feu vert pour cette occupation», a affirmé ce chercheur-enseignant à Kedge Business School de Marseille, relevant les «complicités» des secrétaires généraux de l’Onu dans le blocage que connait ce dossier depuis 1991.
Poussant de façon plus détaillée sa réflexion, Yahia Zoubir a souligné que le blocage commence avec les dernières résolutions du Conseil de sécurité de l’Onu qui prolongent le statu quo en répétant les mentions «mutuellement acceptable», «sans préalable» et «de bonne foi», alors que le Maroc, auquel aucun pays au monde et aucun texte juridique ne lui reconnaissent la marocanité du Sahara occidental, «ne veut pas céder et n’accepte pas» le référendum d’autodétermination préconisé pourtant par l’Onu, a-t-il expliqué.
Même, a-t-il poursuivi, la proposition marocaine d’»autonomie», que la France considère comme «sérieuse», est «illégale», dans le sens, a-t-il expliqué, où la puissance occupante ne jouit d’aucun droit pour faire des propositions dans un conflit de décolonisation.
«La proposition de l’autonomie du territoire du Sahara occidental est une violation du droit international», a-t-il soutenu, dénonçant dans ce contexte les violations en matière des droits de l’Homme et le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental, malgré la décision de la Cour européenne de justice.
Pour sa part, Gianfranco Fattorini, représentant permanent de l’Association américaine de juristes (AAJ) aux Nations unies à Genève, a rappelé à l’assistance, composée d’universitaires, chercheurs, étudiants et membres du mouvement associatif, tous les textes adoptés par l’Onu dans le dossier du Sahara occidental, soutenant que le Sahara occidental est le seul territoire autonome qui ne dispose pas de «puissance administrante» qui devrait rendre annuellement son rapport au secrétaire général de l’Onu, relevant que toutes les résolutions parlent de «territoire sous occupation» et «le seul représentant est le Front Polisario».
«Les violations continues du droit international par le Maroc sont très nombreuses et graves», a-t-il fait observer, affirmant que les puissances occidentales qui soutiennent le Maroc «font comme s’il n’y a pas de violations du droit international» au Sahara occidental.
C’est la deuxième journée organisée par la Sorbonne, après celle de juin 2016, qui portait sur «la question irrésolue du Sahara occidental», rappelle-t-on.
Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non-autonomes, donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur octroi de l'indépendance aux pays et peuple coloniaux, le Sahara occidental dernière colonie en Afrique est occupée par le Maroc depuis le 31 octobre 1975, malgré les résolutions des Nations unies qui appellent à l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.