Le flux constant d’environ 500 migrants/jour vers l’Algérie préoccupe « au plus haut niveau » les autorités, révèle le directeur d’études chargé de la migration au ministère de l’Intérieur, Hacène Kacimi, affirmant que ce phénomène cache en réalité des visées d’ingérence et de militarisation des espaces.
De la situation qui s’est créée, M. Kacimi observe qu’il y a derrière celle-ci des enjeux « géostratégiques très importants », à l’origine de la convocation, le 29 mars 2018, d’un Conseil interministériel donnant lieu à d’importantes mesures aux fins de sécuriser les frontières.
Intervenant à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, il explique que cette forte migration vise en réalité à un remodelage du monde et un rééquilibrage des rapports de force à l’intérieur d’un continent très riche, « recelant 30% des terres arables du monde, ainsi que les matières minérales les rares et les plus recherchées ».
La doctrine de l’Algérie, commente à cet effet l'invité, est très claire : « nous sommes contre les ingérences et la militarisation des espaces et des territoires, deux facteurs dont nous avons constaté les conséquences catastrophiques ailleurs ».
Plus clairement, celui-ci rappelle que la présence de ces deux facteurs a eu pour effet de se traduire par le recul de l’Etat, l’extension du terrorisme, l’accentuation des conflits ethniques et le développement des crises et des conflits, « que l’Algérie, souligne-t-il, entend régler par des moyens pacifiques, en concertation avec ses partenaires Africains ».
Des arrivées constantes et massives de migrants, que M. Kacimi appelle à éviter de stigmatiser, rappelant que le gouvernement a été amené à des mesures pour tenter de la réduire à un niveau « le plus supportable ».
Il signale qu’une attention soutenue est apportée à ce problème, parce qu'ajoute-t-il, nous avons à faire à des êtres humains arrivants dans un état d’épuisement extrême, après avoir été confrontés à des situations périlleuses durant leur traversée du désert, au nord du Niger et du Mali.
Pour gérer le flux incessant de ces migrants, le représentant du ministère de l’Intérieur signale que des contacts constants sont maintenus en permanence avec les autorités Nigérienne et Malienne, « aux fins d'assurer une bonne prise en charge de ce dossier. Il y a, souligne-t-il, un volet humanitaire que nous ne pouvons absolument pas négliger ».
Il admet, cependant, que devant ces importantes arrivées de personnes, les efforts des pouvoirs publics tendent à prendre en charge celles parmi elles qui sont en situation de détresse et à refouler les autres. « Nos moyens étant limités, déclare-t-il, nous faisons ce que nous pouvons ».
Revenant au phénomène de migration observé, il note qu’il ne s’agit pas d’un « schéma classique » de migration, mais plutôt d’un déplacement de nombreuses populations en direction de l’Algérie contrainte de mobiliser quelque 20 millions de dollars pour y faire face.