Une conférence internationale de lutte contre le financement des organisations terroristes Daech et al-Qaïda sera organisée mercredi et jeudi à Paris pour croiser les expériences de lutte en vue d'une "mobilisation politique" des Etats, a-t-on indiqué mardi à l'Elysée.
Cette conférence, à l'initiative du président français Emmanuel Macron, intitulée "No money for terror", "permettra d'aller encore plus loin" dans la lutte contre le terrorisme et de "lever l'anonymat" des transactions financières dans le monde, a-t-on expliqué lors d'un briefing à la veille de cette rencontre qui regroupera 72 pays et une vingtaine d'organisations internationales.
Même si la victoire militaire contre ces organisations terroristes constitue "un succès important", a-t-on estimé, "elle ne nous prémunit pas contre la résurgence de Daech, ni contre l'activité des groupes et individus ayant prêté allégeance à cette organisation où à al-Qaïda", a précisé encore l'Elysée qui a relevé que la menace terroriste "s'adapte et évolue" dans toutes les zones du monde.
"Le combat est loin d'être terminé" sera en quelque sorte leitmotiv de cette conférence qui regroupera 500 experts internationaux et des différents pays, en présence de 80 ministres, dont notamment ceux en charge de la lutte contre le financement du terrorisme.
L'ensemble des pays arabes sera présent excepté la Syrie qui n'a pas été conviée. L'Iran ne prendra pas part à cette conférence en raison du fait, a précisé l'Elysée, que ce pays "n'est pas un partenaire commode" et constitue un "facteur de conflit", notamment avec certains pays arabes qui seront présents, comme l'Arabie saoudite.
Globalement, la conférence s'intéressera à la "totalité des sources" de financement du terrorisme, légales et illégales", comme elle examinera les différents moyens de circulation des flux financiers : en espèces, par des moyens informels, par les circuits bancaires et toutes les méthodes de transferts de fonds.
La réunion ministérielle, qui se déroulera au siège de l'Organisation de la coopération et du développement économiques (OCDE), sera précédée mercredi par une journée d'échanges entre les experts de lutte contre le financement du terrorisme dans les Etats et au sein des organisations invitées. Cette journée sera déclinée en trois tables-rondes.
La première sera animée par le directeur du Traitement du renseignement et action contre les circuits financiers clandestins (Tracfin, organisme français sous la responsabilité du ministère de l'Economie), Bruno Dalles, en présence de Bernard Emié et Laurent Nunez, respectivement directeurs généraux de la sécurité extérieure et de la sécurité intérieure (DGSE et DGSI) et de Corinne Cléostrate, directrice nationale du renseignement et des enquêtes douanières.
La deuxième sera modérée par le procureur de la République, François Mollins, et Mireille Ballestrazzi, directrice générale de la police judiciaire. La dernière table-ronde sera animée par le directeur du cabinet du ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.
Les organisateurs de cette conférence s'attendent, par les discussions et débats, à un échange de "bonnes pratiques" dans la lutte contre le terrorisme et son financement. Pour eux, la déclaration finale, en cours de négociations, reflètera certaines des conclussions de la conférence, en encourageant les Etats participants à améliorer leur organisation afin de recueillir, analyser et échanger "efficacement" le renseignement financier.
Une "attention particulière" sera accordée, a-t-on souligné, aux obstacles qui entravent la coopération internationale entre cellules de renseignement financier, agences de renseignement, services de police et appareils judiciaires.
Jeudi, la conférence se poursuivra également avec des tables-rondes dont la première sera animée par le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb et Nicole Belloubet, ministre de la Justice et la seconde par le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire.
Les conclusions de cette conférence seront présentées par le président Macron à la clôture des travaux qui se déroulent à huit clos.
Pour rappel, l'Algérie a organisé, avec l'Union africaine, les 9 et 10 avril, une réunion de haut niveau sur la lutte contre le financement du terrorisme en Afrique, au cours de laquelle le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a plaidé pour la mise en place en Afrique d'une "stratégie cohérente" de lutte contre le financement du terrorisme dans ses différentes dimensions.
Il a souligné le besoin "certain" de cerner "davantage" l'évolution permanente des méthodes, mécanismes, procédés et canaux utilisés autant par les groupes terroristes que les groupes criminels pour déplacer et faire circuler leur argent. APS