Le président français, Emmanuel Macron a annoncé jeudi la fin de la mission Berkhane au Mali, actant l'échec d'une politique militaire qui a duré huit ans, sur fond de montée du sentiment anti-français dans le pays sahélien.
L'opération Barkhane a été de plus en plus contestée au Sahel après la multiplication de ses bavures au Mali, dont la plus sanglante avait fait en janvier 19 morts, parmi les civils à la lisière du village de Bounti, dans le centre du Mali.
"Nous allons amorcer une transformation profonde de notre présence militaire au Sahel", a déclaré le président français lors d'une conférence de presse, en référence aux 5.100 soldats déployés dans le cadre de la force française Barkhane. Cette transformation impliquera "la fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure" et la "mise en œuvre d'une alliance internationale associant les Etats de la région et tous nos partenaires, strictement concentrée sur la lutte contre le terrorisme", a-t-il ajouté.
Huit ans après l'arrivée de la France au Mali, le constat du président français était plutôt amer jeudi.
"Je ne pense pas qu'on puisse se substituer à un peuple souverain pour construire son bien à la place de lui-même", a déclaré Emmanuel Macron.
Ce même constat d'échec qui a donné lieu à plusieurs rassemblements au Mali pour réclamer le départ définitif des militaires français, accusés d'être à l'origine de la détérioration de la situation sécuritaire dans ce pays sahélien, avait poussé le Sénat français à programmer un débat public, le 9 février dernier, pour faire le bilan de cette opération, laissant planer le doute quant à son avenir.
La force "Barkhane n’est pas éternelle. Mais à court terme, nous allons rester" au Sahel, avait, alors, déclaré la ministre française des Armées, Florence Parly devant les sénateurs français au cours des débats ouverts sur la présence française au Sahel.
Le 19 janvier dernier, le président français, Emmanuel Macron avait déjà parlé d'un "ajustement" des forces françaises au Sahel et de leur "redimensionnement", évoquant l'importance des renforts assurés par les pays européens.
Ce jeudi, le président français n'a pas donné d'indications chiffrées en termes d'effectifs mais a évoqué une réduction des "emprises", c'est-à-dire du nombre de bases françaises dans la région.
"Le chiffre de soldats français restant n'est pas arrêté, peut être quelques milliers. Il restera une présence significative", selon l'Elysée, qui ajoute qu'un départ du Nord du Mali pourrait survenir "à l'horizon de l'automne".
La lutte contre les terroristes se fera "avec des forces spéciales structurées autour de (l'opération européenne) Takuba avec évidemment une forte composante française - avec encore plusieurs centaines de soldats - et des forces africaines, européennes, internationales", a également précisé M. Macron.
Empêtré dans ses échecs au Sahel, la France avait déjà sollicité l'aide de la nouvelle administration américaine pour qu'elle renforce son appui aux opérations militaires qu'elle mène contre les groupes armés dans ce pays sahélien.
La France avait failli perdre son allié américain sur le terrain malien après une annonce faite au début de l'année 2020 par l'ancien président Donald Trump.
Ce dernier avait prévenu que les Etats-Unis entendaient réduire leur présence en Afrique, et indirectement l'aide américaine apportée à l'opération Barkhane.
Le 20 janvier dernier, la ministre des Armées, Florence Parly avait évoqué cette question le jour même de l'investiture de Joe Biden.
"Nous souhaitons pouvoir, avec l'arrivée de la nouvelle administration américaine, obtenir l'assurance que ces moyens (fournis par les Etats-Unis) soient prolongés, et pourquoi pas renforcés", avait-elle déclaré.