L'Argentine de Lionel Messi, inconstante et laborieuse, affronte l'ambitieuse Belgique d'Eden Hazard samedi à Brasilia (17h00 heure algérienne) pour un quart de finale du Mondial qui convoque quelques fantômes vieux de près de 30 ans.
C'était en 1986, en demi-finale du Mondial mexicain. La Belgique avait payé pour savoir qu'il n'y a parfois pas besoin de plus qu'un génie et dix fidèles soldats pour gagner un match de ce niveau.
Le génie en question était Diego Maradona, qui avait inscrit les deux buts de la victoire argentine (2-0), dont un à l'issue d'une percée magnifique, éclipsée dans la mémoire collective par son chef d'œuvre du tour précédent contre l'Angleterre.
Jusqu'à cette année, les Diables Rouges n'avaient plus connu une génération aussi douée, et pour tenter de faire aussi bien qu'en 1986 ils vont donc retrouver l'Albiceleste, guidée par un autre génie du jeu, Lionel Messi.
Le match de Brasilia évoque d'abord l'idée d'un affrontement entre le N.10 argentin et son homologue belge Eden Hazard.
Mais il est en réalité plus complexe que cela car depuis le début du tournoi, il y a côté belge Hazard et les 10 autres, quand en face, c'est Messi sans les autres.
Avec quatre buts marqués, un provoqué et un offert sur un plateau à Di Maria contre la Suisse, l'attaquant de Barcelone est au cœur de six des sept buts de son équipe, qu'il a sans exagérer portée presqu'à lui seul jusque dans le Top 8.
Sporting Messi
"Messi est très seul. L'équipe ne fait pas de changements de rythme, il n'y a pas de mouvements en attaque", a ainsi relevé jeudi à la télévision vénézuélienne un Maradona très inquiet.
"Ils doivent se mettre dans la tête que nous ne pouvons pas être le +Sporting Messi+. Peut-être qu'il peut marquer un superbe but. Mais si ça ne marche pas pour le gamin, qu'on ne vienne pas lui sauter dessus demain pour en faire le coupable du désastre argentin", a ajouté le maître.
Alors que l'Albiceleste attend désespérément une montée en puissance qui ne vient pas et s'en remet à une hypothétique guérison express d'Agüero pour soutenir Messi et son lieutenant Di Maria, la Belgique, elle, continue à voir grand.
"Je ne suis pas là pour fêter, je suis là pour gagner des matchs, c'est ça notre but. Les places d'honneur, ça ne m'intéresse pas", a ainsi lâché jeudi le sélectionneur Marc Wilmots.
"Je crois qu'on fête quand on a un titre ou quand on est dans les quatre derniers, mais pas maintenant, c'est beaucoup trop tôt. Une fois en quart, on doit avoir une seule idée: aller en finale. Les joueurs veulent y aller", a-t-il ajouté.
La Belgique et sa jeunesse ont des atouts et des raisons d'y croire.
A défaut d'être régulier, Hazard a souvent été décisif. Et s'il ne l'a pas été contre les Etats-Unis en 8e de finale, il a en revanche sans cesse provoqué et participé au festival offensif, avec plus de 30 tirs recensés au total pour les Diables.
De Bruyne, positionné dans l'axe comme un meneur de jeu, réussit lui un excellent Mondial, alors que Lukaku, Origi ou Mirallas ont tous été dangereux à un moment ou à un autre.
« Tu sais... »
La Belgique peut aussi compter sur une défense certes un peu moins jeune que son attaque, mais qui n'a pris que deux buts en quatre matchs. Et dans les buts, Courtois est l'un des meilleurs gardiens de ce Mondial, qui en compte pourtant beaucoup d'excellents.
Alors de quoi la Belgique peut-elle avoir peur ? D'un Messi qui peut tout renverser d'une course, d'un dribble ou d'une frappe ?
"Tu sais... Ca peut être un De Bruyne, ou un Hazard, ou, ou, ou... On en a aussi", répond Wilmots.
"Moi je préfère une équipe collectivement très forte que de dépendre d'une individualité. Il y aussi Di Maria, Agüero, tu as vu le potentiel offensif... Mais tout le problème de l'Argentine est de trouver de l'équilibre là-dedans. C'est pas évident", ajoute-t-il.
Peur des supporters argentins, alors, qui devraient être 30.000 dans le magnifique Mané-Garrincha de Brasilia ?
"Je crois que le public brésilien n'attend qu'une chose, c'est qu'on batte les Argentins", répond le sélectionneur belge, qui espère donc avoir le soutien de près de 40.000 personnes.
Vingt-huit ans plus tard, les Diables Rouges veulent une revanche et ils n'ont peur de rien. Mais gare aux fantômes.