Une centaine d'organisations ont exigé jeudi à Paris dans un appel la fin de l'état d'urgence, en vigueur depuis les attentats du 13 novembre à Paris et qui ont fait 130 morts, dénonçant les "dérives" de ce dispositif.
Dans une conférence de presse, la présidente de la Ligue des droits de l'homme (LDH), Françoise Dumont, aux côtés de dizaines d'associations et de syndicats, a estimé que l'état d'urgence "doit cesser", précisant la France "doit lutter contre le terrorisme mais sans s'accommoder de mesures disproportionnées (...), qui stigmatisent toute une partie de la population, divisent et sont contre-productives".
Depuis l'instauration de l'état d'urgence, 488 procédures judiciaires ont été engagées sur l'ensemble du territoire français et 51 personnes ont été écrouées, avait annoncé mercredi le ministère de la Justice.
Sur les 488 procédures engagées par la justice à la suite des 2.700 perquisitions administratives menées par les services de police et de gendarmerie, une majorité d'entre elles concerne des infractions à la législation sur les armes (187 procédures) et sur les stupéfiants (167 procédures).
Les autres portent sur des infractions diverses comme la contrefaçon ou le recel notamment.
La secrétaire générale du Syndicat de la magistrature, Laurence Blisson, a dénoncé, pour sa part, des perquisitions administratives et assignations à résidence, qui se basent sur la "seule suspicion, sur des infos très peu étayées" et non sur des "actes illégaux".
"Les citoyens de confession musulmane ont été pris pour cibles par le gouvernement", s'est insurgé quant à lui Yasser Louati, porte-parole du Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), rappelant que des mosquées ont été perquisitionnées et fermées et qu'aux Mureaux (Yvelines), les policiers ont fouillé la mosquée accompagnés de chiens, ce qui a "outré" la communauté des fidèles.
Pour sa part, Mohamed Ben Saïd, qui a parlé au nom de plusieurs associations issues de l'immigration, a dénoncé la déchéance de la nationalité pour les binationaux nés Français, qui se sont versés dans le terrorisme. "C’est une mesure très discriminatoire qui ne règle pas le problème du terrorisme", a-t-il soutenu.
APS