Le secrétaire général des Nations Unies (ONU), Ban Ki-moon, est attendu samedi prochain dans les camps de réfugiés sahraouis dans le cadre d'une tournée dans la région lors de laquelle il rencontrera les hautes autorités sahraouies, a-t-on appris mercredi de sources sahraouie.
Dédiée à la poursuite des efforts de l'ONU pour le règlement du conflit au Sahara occidental, la tournée de M. Ban entamée mardi depuis l'Espagne est considérée par les Sahraouis comme "un message fort à l'adresse de l'occupant marocain qui ne cesse de dresser des obstacles devant les efforts de la communauté internationale visant un règlement juste et définitif d'un conflit vieux de plus de 40 ans".
Après l'Espagne, le chef de l'Onu visitera le Burkina Faso pour "félicité les autorités du pays après la réussite da la transition politique", selon des médias, avant de rentrer dans le vif da sa tournée dans la région par l'étape de Nouakchott où il va rencontrer les hautes autorités mauritaniennes.
Le secrétaire général de l'ONU se rendra ensuite dans les camps des réfugiés sahraouis à Tindouf et s'entretiendra également avec le secrétaire général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz.
M. Ban prévoit, par ailleurs, de rencontrer le personnel des Nations Unies activant dans la région ainsi que le groupe de la Mission de l'Onu pour l"organisation du référendum au Sahara occidental (Minurso).
Selon le programme établi, le SG de l'ONU se rendra ensuite en Algérie les 6 et le 7 mars, où il aura des discussions avec plusieurs hauts responsables, selon des sources onusiennes.
Une nouvelle ère dans la politique de l'ONU
A l'annonce de cette visite de Ban Ki-moon dans la région, le chef de la délégation sahraouie aux négociations avec le Maroc pour le règlement du conflit au Sahara occidental, Khatri Addouh, avait souhaité que ce déplacement soit un "message fort" à l'adresse de l'occupant marocain qui ne cesse de dresser des obstacles devant les efforts de la communauté internationale.
"Nous espérons qu'elle (la visite du SG de l'ONU) soit un message fort, que nos frères marocains comprennent une fois pour toutes, qu'il faut reconnaître d'abord qu'ils ont commis l'erreur d'envahir un territoire qui ne leur appartient pas au détriment de la légalité internationale mais aussi au détriment du droit d'un peuple à l'autodétermination", avait déclaré Khatri Addouh.
Le chef des négociateurs sahraouis avait, en outre, indiqué que cette visite de M. Ban Ki-moon, sera l'occasion "pour voir comment pousser le processus de négociation et la recherche d'une solution pacifique au Sahara occidental", entre les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario.
Pour sa part, le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, a émis le vœu que cette visite du secrétaire général de l'ONU dans la région puisse amener le Maroc à respecter les décisions de la légalité internationale en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
M. Taleb Omar a indiqué que les Sahraouis aspirent que la prochaine visite de Ban Ki-moon "ouvre une nouvelle ère pour la politique et les positions de l'ONU vis-à-vis de la cause sahraouie pour que le bourreau et la victime ne soient plus sur le même pied d'égalité".
"Bien que Rabat refuse jusqu'à présent la visite de Ban Ki-moon au Maroc et aux territoires occupés, l'ONU a tenu à ce que son SG visite le 5 mars prochain les territoires libérés et les camps de réfugiés sahraouis", a-t-il dit.
M. Taleb Omar a précisé que la question sahraouie s'apprête à entamer une nouvelle étape notamment après avoir acquis plus de reconnaissance au niveau régional et international et après que "le Maroc s'est avérée une partie entravant la solution pacifique à travers son refus de la visite de Ban ki-moon".
Il a en outre estimé que cette étape est marquée par le conflit opposant l'occupant marocain et l'union européenne et la décision de Rabat de suspendre ses contacts avec l'UE pour contester le verdict de la CJUE (Cour européenne de Justice, Ndlr) qui a annulé l'accord agricole liant les deux parties.
"Le Maroc se trouve dans une situation d'isolement au vu de ses problèmes avec l'union africaine et l'ONU et en confrontation avec la plupart de pays du monde en raison de son occupation illégale du Sahara Occidental", a-t-il ajouté.
Cette situation devrait "inciter la communauté internationale à reconnaître la RASD en tant que membre à l'ONU en réponse à l'intransigeance du régime marocain", a souligné le responsable.
Vendredi dernier, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré que Ban Ki-moon allait intégrer le compte rendu de cette tournée maghrébine dans son prochain rapport d'avril sur le Sahara occidental.
M. Dujarric a indiqué qu'outre l'accent qui sera mis sur la situation humanitaire des réfugiés sahraouis, la visite de Ban Ki-moon dans la région s'inscrira également dans le cadre de "la préparation du prochain rapport sur la situation au Sahara occidental que doit présenter le SG de l'ONU en avril au Conseil de sécurité".
"Evidemment qu'il inclura le compte rendu de ce voyage dans son prochain rapport d'avril", a -t-il affirmé à propos des objectifs de cette visite.
En confirmant cet objectif, l'ONU s'inscrit à l'opposé de la volonté de Rabat qui voulait retarder la visite de Ban Ki-moon jusqu'a juillet prochain pour que ce compte rendu ne soit pas intégré dans ce rapport.
Les autorités marocaines veulent en effet bloquer tout progrès dans le dossier sahraoui pendant le mandat de Ban Ki-moon qui arrive à échéance en fin 2016, avait déclaré le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, M. Ahmed Boukhari.