Alexandre Kateb, économiste et membre de la Task Force : "Il y aura une sélection de projets prioritaires, d'autres seront gelés ou retardés"

Alexandre Kateb, économiste et membre de la Task Force qui conseille le premier ministre Abdelmalek Sellal

Conséquence directe du recul substanciel des recettes des hydrocarbures, tous les projets d'équipement ne pourront pas être réalisés. "Il y aura une sélection de projets prioritaires, d'autres seront, soit gelés soit retardés", a expliqué Alexandre Kateb, économiste et membre de la Task Force qui conseille le premier ministre Abdelmalek Sellal.

Alexandre Kateb, qui s'exprimait, ce matin, à l'émission l'Invité de la rédaction de la Chaine3 de la Radio Algérienne, a ajouté que les dépenses bidgétaires seront fixées à un niveau global de 7.000 milliards de DA pour les trois années à venir.

Evoquant les dépenses de fonctionnement, l'autre volet incompressible du budget de l'Etat, l’économiste a affirmé qu'elles seront "gelées à leur niveau d'ensemble" actuel et que "les salaires et certaines dépenses stratégiques" ne seront pas touchés.

Toutefois, après 2019, il y aura une "réforme des subventions financières", annonce Alexandre Kateb pour, dira-t-il, assurer "un meilleur rendement des dépenses". 

 

« Faire mieux avec moins de dépenses»

Au sujet,toujours, de l'impact des dépenses budgétaires, Alexandre Kateb estime que "l'Algérie est l’un des pays les moins performants en termes de rendement des dépenses d’équipements". "On dépense de plus en plus et le rendement est de plus en plus faible", a-t-il souligné. Pour résoudre cette équation, l'économiste conseiller du Premier ministre préconise de mettre à plat le système de financement, en associant les partenaires privés nationaux et internationaux dans le financement des projets, afin d'assurer une meilleure efficacité des dépenses, c'est-à-dire "faire mieux avec moins de dépenses".

Saluant les efforts déployés par le gouvernement Sellal pour accélérer les reformes, Alexandre Kateb rappelle que le nouveau modèle économique consiste à évoluer graduellement d’un modèle qui était fondé, jusque-là, essentiellement sur la dépense publique et la couverture de la consommation par les importations, vers un autre modèle porté par l’investissement productif des  entreprises algériennes et, dans un deuxième temps, par l’exportation pour remplacer les recettes liées aux hydrocarbures.

«Ce nouveau modèle, affirme le conseiller de Sellal, a déjà commencé à être mis en place dans un certain nombre de domaines", il cite à ce propos les mesures inscrites dans la loi de Finances 2016, dans le projet de loi de Finances 2017 et dans d'autres textes comme le nouveau code de l’investissement et le nouveau projet de loi sur la santé. 'Ce sont des textes qui ouvrent le champ de l’activité économique et qui libèrent l’initiative", argumentera-t-il.

« Des reformes urgentes s’imposent »

Evoquant les problèmes administratifs que les entreprises rencontrent quotidiennement, l'économiste membre de la Task Force a souligné que l’administration doit être au service de l’entreprise.

Insistant sur l'urgence des reformes, Alexandre Kateb estime qu'il faut "une simplification des procédure et une décentralisation de la décision au niveau local", pour donner "du pouvoir aux territoires et à leurs représentants", à savoir les walis et les APC, qui sont, selon lui, plus qualifiés pour gérer les zones industrielles, les projets d’aménagement touristique, l’artisanat, l’agriculture, etc., au niveau de leurs territoire qu'ils connaissent mieux".

Toutefois, prévient Alexandre Kateb, pour assurer le succès de cette réforme, on doit l'accompagner par la formation des administrateurs et des fonctionnaires locaux. « Et ça, c’est une véritable révolution culturelle », conclura-t-il.

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