Les relations entre l’Algérie et la France, marquées par d’incessantes crispations, vont-elles, après l'élection du président Emmanuel Macron, évoluer sous de meilleurs auspices ? C’est ce sur quoi le professeur à l’Ecole polytechnique d’Alger, Chitour Chems-Eddin, a été amené à s’exprimer.
Reçu, mercredi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, celui-ci considère que l’élection du nouveau président Français est « une bonne chose », en ce sens que celui-ci n’a pas le « ressenti » de certains de ses prédécesseurs, pour lesquels la guerre d’Algérie a constitué « un fonds de commerce électoral ».
A travers les propos tenus par celui-ci, lors d’une visite effectuée à Alger durant laquelle il qualifia la colonisation de crime contre l’humanité, il décèle une « rupture » en même temps qu’une « nouvelle vision de la France vis-à-vis de l’Algérie ».
Le professeur Chitour rappelle que l’Algérie, à travers de très nombreux membres de sa population, a été partie prenante de tous les théâtres militaires de la France dont les première et seconde guerres mondiales, et qu’« énormément d’Algériens sont morts pour la France », contribuant ainsi à la libérer.
Rappelant que l’Algérie vient de commémorer « dans la douleur » l’anniversaire du 8 mai 1945, le même jour marquant la libération de la France du joug nazi, il relève que pas un « mot » n’a été prononcé par l’actuel chef de l’Etat Français pour saluer le sacrifice des nombreux Algériens qui y ont contribué.
Se remémorant des massacres d’Algériens commis par la colonisation durant cette période, il constate que la présence de « fours crématoires à Guelma c’est aussi Auchwitch », même si c’est à moindre échelle « ce qui prouve, déclare-t-il, que 1945 ce n’était pas rien ».
Du Traité d’amitié Algéro-Français proposé, en 2005, par le président Jacques Chirac et auquel ses successeurs, Sarkozy et Hollande, mettront « un coup d’arrêt », l’invité considère qu’il reste à l’Algérie et la France de conclure un traité de « nouveau format ».
Pour ce faire, dit-il, il faut au préalable « mettre tout sur la table », faire un état de lieux des relations actuelles et réfléchir à un avenir en commun, mais en s’interrogeant sur ce qui s’est passé en 132 ans de colonisation et en reconnaissant que l’œuvre de la France en Algérie « n’était pas positive ».