La Loi de finances 2021, adoptée hier mardi à la majorité à l’Assemblé Populaire Nationale (APN), table sur une croissance de 4% du Produit intérieur brut (PIB).
Commentant ce chiffre, Mahfoud Kaoubi, analyste économique et financier, estime que vu le contexte actuel et les réticences en matière d’engagement de réformes et surtout dans son volet assistance aux entreprises qui connaissent une situation très critique, « cet objectif sera difficile à atteindre»
S’exprimant, mercredi, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, M. Kaoubi indique que le taux de 4 % est basé sur des hypothèses très optimistes dont une croissance des hydrocarbures de plus de 7.2 %. «D’ailleurs comment peut-on atteindre cette croissance dans un secteur d’activité qui connait une conjoncture mondiale pratiquement instable et pleine d’incertitudes», s’interroge t-il.
L’invité rappelle que le gouvernement a projeté une augmentation des exportations de 10 %, en se basant sur un prix de vente à 45 dollars le baril. « Est-ce possible avec cette deuxième, ou une probable troisième, vague du COVID 19», dit t-il.
Dans leurs prévisions, « la Banque mondiale et le FMI ne plaident pas et ne justifient pas une croissance aussi optimiste que celle prévue par le gouvernement dans le cadre de cette loi de finance 2021 », rappelle l’expert dans son analyse.
Cet optimisme pourrait être révisé dans la réalité, dit-il, en précisant qu’à chaque fois «on prévoit des hypothèses assez optimistes, en matière d’élaboration de budget, le gouvernement se confronte malheureusement à la réalité du terrain, comme c’était le cas pour la Loi de Finances 2020 où les réalisations ont été assez loin des prévisions».
Pour M. Kaoubi, la priorité, aujourd’hui, est d’engager, le plus rapidement possible, une ensemble de reformes, pour aider nos entreprises souffrantes depuis deux ans maintenant, puisque, ajoute –il, on ne peut pas prévoir une croissance dans le contexte actuel sans l’entreprise.
Donc, les entreprises devaient avoir plus d’attention de la part des pouvoirs public, affirme t-il, vu leur situation financière délicate. « Dans la conjoncture actuelle nos entreprises ne pourront pas faire face à des dépenses», estime t-il.
Des aides ont été allouées aux entreprises partout dans le monde, notamment dans les pays développés, pour surmonter la crise sanitaire, « chez nous et jusqu’a aujourd’hui, il y a pleines de propositions réalistes de la part des organisations patronales. Cependant ça n’a pas été concrétisé», regrette-t-il.
Enfin, l’invité de la radio avoue qu’il espérait un fonds du trésor dédié à la prise en charge des effets financiers du coronavirus sur les entreprises. « On devait revenir à une logique d’affectation par objectif du budget », conclut-il.