Le Plan de relance économique 2020/2024 élaboré par le gouvernement, dressant un état des lieux du tissu économique national, relève qu’il est, en majorité, constitué de toutes petites entreprises, particulièrement vulnérable fortement dépendantes des subventions publiques.
Pour le professeur Mohamed Chérif Benmihoub, ministre délégué chargé de la Prospective fait état, à ce propos, de sérieuses carences, nécessitant un diagnostic en profondeur, dont il indique qu’il a été engagé, dés 2008.
C’est sur la base de ce dernier, précise-t-il, qu’a été dressé un constat mettant en lumière le fait que l’Algérie « est en panne d’une croissance forte », parce qu’explique-t-il, elle n’a cessée d’être amarrée aux subsides générés par ses hydrocarbures, une relation « organique » dont dépendent tous ses secteurs d’activités.
Reçu, dimanche, à l’émission L’Invité de la rédaction de la chaine 3 de la Radio Algérienne, celui-ci considère que pour se tirer de cette pénible situation, le pays doit se lancer dans une croissance « à des niveaux élevés » afin, notamment, d’absorber le « chômage chronique ».
Pour cela, l’intervenant juge impératif de rejeter, très vite, « le système d’une économie extraverti, consistant à importer des produits finis et à exporter de la matière première, jugeant qu’il faut, désormais, faire du développement et cesser de faire de la comptabilité, « en restant braqué sur les réserves de change ».
Pour réaliser les objectifs de développement attendus, le professeur Benmihoub estime qu’il faut en passer par une analyse sans concession du système productif national, dans toutes ses composantes, afin d’améliorer la situation.
Du rapport présenté en ce sens au gouvernement, il révèle qu’y ont été proposés un certain nombre de leviers de croissance, parmi lesquels il met en avant le secteur des mines, un réservoir de richesses, abandonné à lui-même, « depuis très longtemps ». Il cite, également, l’industrie pharmaceutique, dont il considère qu’il faut rationaliser les investissements, de même que le secteur des énergies renouvelables.
A propos de ce dernier chantier, il prévient contre le risque de voir se renouveler les mêmes erreurs que celles dont ont été l’objet les énergies fossiles, insistant que soit localement développée la fabrication d’un maximum d’inputs utilisés dans le renouvelable.
Parmi les facteurs clés de succès identifiés pour mettre en œuvre cette stratégie, l’invité les résume par la gouvernance et la régulation. Pour lui, il est important de multiplier la création de nouvelles entreprises, « de toutes tailles », pour générer de la richesse et renforcer, ainsi, les quelques 1,2 million en activité.
Les autres aspects que le professeur Benmihoub met en avant sont ceux relatifs au climat des affaires et des investissements, qu’il appelle à débureaucratiser. Il insiste, d’autre part, sur l’impératif à réintroduire le climat de marché qu’il considère comme l’un des éléments de la régulation. Ce n’est pas à l’administration, considère-t-il, d’allouer la commande publique ou bien de décider qui doit, ou non, en bénéficier.
S’opposant, par ailleurs, à l’idée de privatiser, à tout va, les entreprises publiques, le professeur Benmihoub observe que chaque fois on a réorganisé pour, in fine, voir se reproduire les mêmes schémas. Il relève que le budget de l’Etat ne peut plus faire face aux défaillances de ces dernières, d’où l’importance d’engager des actions pour les réformer ou bien faire cesser leurs activités.