Le représentant du Front Polisario en Europe et au sein de l’Union européenne, Oubi Bouchraya Bachir, a soutenu que la nomination d’un envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental "ne peut pas être un objectif en soi", soulignant que le Conseil de sécurité "doit cesser son sport favori qui est de se cacher derrière la personne de l'émissaire, tout en laissant s’éterniser le statu quo imposé par le Maroc et ses alliés".
Dans un entretien vendredi à Sputnik, le diplomate sahraoui a rappelé que le Front Polisario a accepté fin avril la nomination de l’Italo-Suédois Staffan de Mistura, ex-envoyé spécial sur la crise en Syrie en 2014, au poste d’envoyé personnel du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara occidental.
Cette décision intervient deux ans jour pour jour après la démission de l’ancien Président allemand Horst Kohler de son poste, et après l’échec de plusieurs tentatives de lui trouver un successeur.
M. Oubi a affirmé qu'"en signe de bonne volonté, le Front Polisario a effectivement accepté la proposition du secrétaire général de l’Onu de nommer Staffan de Mistura comme son envoyé personnel pour le Sahara occidental, mais tout en réitérant sa position quant à la finalité et l’efficience de cette nomination".
Le diplomate sahraoui a expliqué que "le Conseil de sécurité de l’Onu - et son secrétaire général - doit cesser son sport favori qui est de se cacher derrière la personne de l’envoyé personnel pour le Sahara occidental, tout en laissant s’éterniser le statu quo imposé par le Maroc et ses alliés depuis 1991".
"Cette institution et monsieur Antonio Guterres doivent assumer leurs responsabilités à l’égard de ce conflit", a-t-il ajouté, soulignant que "durant les 30 dernières années, ce qui a provoqué l’échec de la Minurso et de tous les envoyés personnels est l’approche erronée du Conseil de sécurité qui consistait à gérer le conflit mais pas du tout à le résoudre".
"Le Conseil de sécurité devrait se pencher sérieusement et en profondeur sur l’étude des raisons qui ont conduit à cet échec.
Il devrait écouter les deux parties, les prédécesseurs de M. de Mistura et les experts sérieux qui suivent l’évolution de ce conflit depuis très longtemps, afin d’avoir à sa disposition tous les éléments à même de lui éviter la reproduction du même échec", a soutenu le diplomate sahraoui, affirmant que le "résultat doit être une démarche nouvelle avec une feuille de route, un objectif et un calendrier clairement définis et les garanties nécessaires pour la réussite de la médiation".
Jeudi, les Sahraouis ont fêté le 48e anniversaire du début de la lutte armée contre l’occupation espagnole (1973-1975) et ensuite contre le Maroc.
Cette fête intervient dans un contexte marqué par la reprise des combats armés depuis le 13 novembre 2020, suite à la violation par l’armée marocaine de l'accord du cessez le feu de 1991, par son agression contre des civils sahraouis qui manifestaient pacifiquement dans la zone démilitarisée d'El-Guerguerat.
Cette agression marocaine remet sur la table l’échec de la Minurso dans sa mission consistant à organiser un référendum d'autodétermination depuis 1991.
Pour M. Oubi, "l’accord de cessez-le-feu de 1991 est mort et définitivement enterré par l’intervention du 13 novembre 2020 des Forces armées royales (FAR) au passage frontalier d'El-Guerguerat, situé dans la zone tampon démilitarisée".
Dans le même sens, il a assuré que "le Front Polisario qui a repris le chemin de la lutte armée est toujours disposé à s’assoir autour de la table des négociations pour trouver un règlement pacifique au conflit par l’organisation d’un référendum d’autodétermination conformément aux résolutions du Conseil de sécurité qui a créé la Minurso dans ce but".
Il a expliqué que pour "les dirigeants de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), il est hors de question d’accepter de conclure un nouvel accord de cessez-le-feu avec le Maroc s’il n’émane pas d’une nouvelle démarche sérieuse et active du Conseil de sécurité pour la résolution définitive de ce conflit".
"A défaut, le Front Polisario continuera la lutte armée jusqu’à la libération totale de son territoire conformément au droit international qui garantit à tous les peuples le droit de l’usage des armes à des fins de décolonisation", conclut-il.
APS