La présidente de l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (ISACOM), Mme Aminatou Haidar, a appelé les Nations unies à assumer la responsabilité de la décolonisation du Sahara occidental et à mener des enquêtes urgentes et approfondies sur les violations des droits de l'Homme commises par le Maroc dans les villes sahraouies occupées.
"Le Sahara occidental est à la merci d'une occupation brutale depuis 1975. Il est temps que les Nations Unies assument la responsabilité de la décolonisation", a déclaré Aminatou Haidar dans une intervention devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.
La militante sahraouie a demandé au Conseil "d'exhorter le Maroc à mettre fin aux violations systématiques des droits de l'Homme et de garantir que le peuple sahraoui jouisse de son droit inaliénable à la liberté et à l'autodétermination".
Mme Haidar a remercié la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la situation des défenseurs des droits de l'Homme, Marie Lawlor, qui a exhorté le régime marocain à cesser de cibler les défenseurs des droits de l'Homme et les journalistes qui défendent les questions de droits humains au Sahara occidental occupé et au Maroc, et leur permettre de travailler sans représailles.
Lawlor a cité, entre autres, les cas des défenseurs des droits de l'Homme Naâma Asfari et Khatri Dadda, qui sont détenus respectivement depuis 2010 et 2019 et purgent des peines de 30 et 20 ans.
Dans ce contexte, Haidar a rappelé le harcèlement et les traitements auxquels ont été soumis les membres de son organisation, soulignant notamment la situation du membre de l'Isacom, Mme Sultana Khaya, qui subit depuis sept mois une assignation à résidence imposée avec sa famille, et Mme Mina Baali, qui est également victime de harcèlement, d'abus et de mauvais traitements aux côtés de sa famille.
La présidente de ISACOM, a également appelé à ce que les auteurs de ces violations, commises par des responsables marocains, rendent des comptes, jugeant nécessaire la protection par les Nations unies et les organes compétents des citoyens sahraouis et les défenseurs des droits de l'Homme afin qu'ils puissent mener leurs activités sans entrave.
Depuis la création de l'ISACOM, ses membres – dont les femmes défenseures des droits de l'Homme Mina Baali et Salha Boutinguiza, Lahcen Dalil, Hassanna Abba, Hmad Hammad, Babuizid Muhammed Saaed Labhi, Salek Baber et Khalid Boufrayoua – ont été agressés et même torturées par les autorités d'occupation.
La responsable onusienne s'est dite "particulièrement préoccupée" par le recours apparent à la violence et à la menace de violence pour empêcher et entraver les femmes défenseurs des droits humains dans leurs activités pacifiques.
L'appel de Lawlor est soutenu notamment par Clément Nyaletsossi Voule, Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'association, Morris Tidball-Binz, Rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Melissa Upreti, présidente du Groupe de travail sur la discrimination à l'égard des femmes et des filles et Mme Dorothy Estrada-Tanck, Vice-Présidente du Groupe.
APS