Le long métrage documentaire "143, rue du désert", portrait poignant d'une femme gérante d'un petit relais routier dans le désert algérien, du réalisateur à succès Hassan Ferhani a été projeté samedi à Alger, en avant-première algérienne.
D'une durée de 100 mn, "143, rue du désert" a été projeté en compétition documentaire au 10e Festival international du cinéma d'Alger (Fica) qui se poursuit dans les salles de l'Office Ryadh El Feth depuis jeudi dernier.
Fidèle à son concept développé dans "Fi rassi rond-point" (Dans ma tête un rond-point), un documentaire aux nombreuses distinctions, Hassan Ferhani a planté sa caméra chez Malika, qui gère seule un modeste relais routier, où elle a élu domicile, sur la route entre El Meniaa (Ghardaïa) et Tamanrasset pour laisser la magie du cinéma opérer au fil des haltes des routiers, touristes et autres aventuriers.
Vendant du thé, du café, des cigarettes et autres petits plats rapides, Malika se tient au courant de ce qu'il se passe autour d'elle grâce à son contact continue avec les routiers de passage chez elle.
La spontanéité de la dame le pousse à s'adresser directement au réalisateur, oubliant la caméra, quand elle reçoit la visite d'une touriste polonaise faisant le tour du pays à moto, ou à se livrer à un jeu de rôles avec le journaliste et écrivain Chawki Amari qui avait rencontré Malika lors de l'élaboration de son roman "Nationale 1".
Spontanée et humaine, Malika s'attable souvent avec ses clients qui ramènent leurs préoccupations et leurs rêves pour animer le temps d'une "omelette au sable" ou d'un thé le quotidien difficile mais serein de la vieille dame, qui refuse de retourner chez elle dans une ville du nord-est du pays qu'elle n'évoque pas.
Le tournage se passe au moment où une grande station-service s'apprête à ouvrir ses portes, suscitant une petite inquiétude chez Malika qui refuse toujours de quitter son petit relais, son chat et ses chiens.
Elle raconte également avoir subi des pillages lors de son installation et avoir tenu lors de la décennie de terrorisme.
Chauffeurs-routiers, imams, touristes étrangers ou algériens, troupes folkloriques de passage, tous marquent une halte au 143, rue du désert, un 20m² avec vue étroite sur l'immensité du désert où le réalisateur a réussi à faire tenir tout une philosophie de vie sans exploiter la beauté des images que les alentours peuvent offrir.
Après son premier documentaire "Fi rassi rond-point" où Hassan Ferhani a planté sa caméra pour sonder la vie dans les abattoirs d'Alger, il confirme son style avec ce dernier né tout en y ajoutant l'apport des acteurs Chawki Amari et Samir El Hakim mais sans aucune mise en scène jouant ainsi avec la frontière de la spontanéité.
Sorti en août dernier,"143, rue du désert" a été primé dans des festival en Egypte, en Tunisie et en Corée du Sud ainsi qu'à celui de Locarno.